On travaille plus dur que jamais et, avec internet, nos mails professionnels sont malheureusement à portée de clics. Pire : notre besoin de gagner de l'argent et l'économie qui tourne 7 jours sur 7 sans jamais s'arrêter, forcent une grande partie des salariés à être présents au bureau encore et toujours plus. Si on se considère comme les premières victimes de l'excès de travail, une autre est encore plus fortement touchée : la planète Terre.
C'est ce qu'avance le sociologue Alex William, officiant à la City University, à Londres. Pour justifier son propos, celui-ci cite notamment les travaux scientifiques de David Ronick et Mark Weisbrot, menés en 2006. D'après ces deux économistes, en admettant que les Américains diminuent le nombre d'heures passées au travail (le même niveau que les Européens), ils utiliseraient alors 20% d'énergie en moins. Et si, en 2000, le temps passé au bureau était égal à celui observé en Europe (donc moindre), les émissions de CO2 américaines auraient diminué d'au moins 7% par rapport à 1990 - soit l'objectif fixé lors du protocole de Kyoto. A contrario, en imaginant que le monde se calque sur les horaires des Américains, cela pourrait augmenter les températures de 1 à 2 °C de plus sur la planète, d'ici 2050.
Alex William soulève un autre problème, en s'appuyant sur les travaux de l'anthropologue David Graeber : celui du présentéisme. On apprend alors qu'énormément de salariés sont sous-utilisés sur leur lieu de travail. Ainsi, il y aurait beaucoup d'heures de "présentéisme". Et qui plus est, peu productives.
D'autre part, le développement de l'automatisation et de la robotique pourrait faire gagner beaucoup de temps de travail humain et alors réduire le nombre d'heures passées au bureau. Ce qui a de quoi faire réfléchir...
Mais quelles seraient les conséquences d'une semaine de travail de quatre jours ? Cela signifie dans un premier temps une utilisation moindre des transports, mais également une réduction de l'énergie consommée au bureau que cela soit en éclairage, en informatique ou encore en air conditionné. On peut aussi remarquer une diminution du stress chez les employés quand on sait déjà que, le simple fait de rester "connecté" à son bureau est nuisible pour la santé.
Alors que dans les faits cette initiative est plus que tentante, on peut se demander si cela est réalisable dans la vie de tous les jours. Ce fut notamment le cas dans l'Etat de l'Utah, qui avait institué le week-end de trois jours, en 2007. Au lieu de travailler 8 heures par jour et cela cinq jours par semaine, les employés devaient être présents du lundi au jeudi, 10 heures par jour. Et le résultat fut sans équivoque : une économie d'1,8 million de dollars en énergie, en l'espace de seulement 10 mois. Mais ce ne fut pas le seul avantage. En restant chez eux un jour de plus, les employés feraient même économiser jusqu'à 12.000 tonnes de CO2 par an.
Malgré ces résultats plus qu'encourageants, l'expérience fut abandonnée en 2011. Si avoir un week-end prolongé permettait d'avoir davantage de temps pour soi, les horaires tardifs en semaine n'étaient pas accommodants pour tous. En cause, le manque d'accès à certains services, comme la crèche. En quittant le travail à 18h, voire plus tard, il était impossible pour les parents de laisser leurs enfants à la garderie ou à la crèche, celles-ci fermant bien plus tôt.
Finalement, il semble que cette belle initiative du week-end de trois jours ne soit possible que si certaines institutions se décident à s'adapter et à mettre en place quelques aménagements. En attendant de se reposer (peut-être un jour) trois jours par semaine, nous pouvons d'ores et déjà adopter quelques petits gestes tout simples pour lutter contre le réchauffement climatique à notre petit niveau.