"Si les revendications et témoignages des différents mouvements #MeToo étaient entendus, les pratiques auraient évolué. 2 à 3 enfants par classe ne seraient pas victimes d'inceste, plus de 100 féminicides n'auraient pas été commis depuis le début de l'année 2021". Voilà le message que souhaite propager un collectif rassemblant des personnes soutenant ou participant aux différents mouvements féministes (#MeTooMedias, #MusicToo, #MeTooPolitique, #MeTooInceste, #PayeTaFac...) le temps d'une tribune publiée sur Libération.
Le but de cette tribune ? Interpeller les candidat·e·s à la présidentielle 2022, à travers un titre éloquent : "Qu'allez-vous faire pour que les hommes cessent de violer ?". Cet intitulé fait écho à une mobilisation digitale initiée sur Twitter à travers la formulation "Comment fait-on pour que les hommes cessent de violer". L'idée de ce texte aux très nombreuses signataires (dont les députées Clémentine Autain et Manon Aubry ou encore l'activiste Caroline De Haas) est d'inciter les candidats à prendre des "engagements fermes" face aux violences sexistes et sexuelles, ainsi qu'aux féminicides.
"Ce quinquennat est celui d'une grande promesse non tenue concernant la lutte contre les violences sexuelles. Qu'en sera-t-il du suivant ? A quand des engagements fermes, concrets pour apporter des réponses ? N'entendez-vous pas nos voix ? Qu'allez-vous faire pour que les hommes cessent de harceler, d'agresser et de violer ?", s'interrogent les signataires à l'adresse des candidat·e·s.
Tout au long de cette tribune collective, les signataires insistent aussi bien sur la réalité du quotidien des victimes de violences sexistes et sexuelles, évoquant le classement sans suite de 70 % des plaintes pour viol, que sur le traitement des révélations #MeToo dans les médias, fustigeant notamment l'emploi de notions comme "tribunal médiatique", "lynchage" ou "inquisition". Des notions péjoratives décryptées par la militante féministe Rose Lamy dans son livre Préparez-vous pour la bagarre. Et qu'il faudrait déboulonner.
Ecouter davantage les victimes, multiplier les moyens de prévention et de prise en charge, mais aussi dédier "au moins 1 milliard d'euros" à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, et combattre l'impunité des agresseurs, notamment des personnalités les plus médiatisées "invitées sur les plateaux télé pour se plaindre d'être des victimes", sont certaines des recommandations énumérées dans ce texte politique.
"Depuis cinq ans que la parole se propage au prix de risques parfois immenses pour les victimes, peu d'agresseurs ont été inquiétés, quelques-uns ont été promus, presque aucun n'a été condamné. Ils sont les membres respectés de nos familles, de nos entourages, de nos institutions. Et nos souffrances peinent encore à être entendues", déplore encore la tribune. Un appel à agir lancé aux candidat·e·s de la présidentielle.