La situation actuelle ne nous laisse pas de marbre, c'est peu de le dire. Le flux d'infos en continu, la crainte du virus et les restrictions sanitaires imposées par le gouvernement comme leurs répercussions directes sur notre quotidien sont autant de sujets qui nous filent des boutons (littéralement, port du masque oblige). Et puis, l'incertitude de l'avenir aussi, angoisse et agace.
Tout ça se traduit par un réflexe émotionnel qu'on ne se connaissait pas forcément jusque-là : on est colère, pour un oui ou pour un non. Une humeur négative, légitime et parfois nécessaire quand elle permet de vider son sac, mais qui finit par nous affecter, nous et l'entourage auprès de qui on la témoigne.
"Nous savons que l'incertitude est un problème que les gens veulent résoudre", décrypte Larissa Tiedens, psychologue, au Washington Post. "En étant en colère contre quelque chose, vous pouvez mettre de côté ce sentiment d'incertitude pendant un moment et au contraire occuper un espace et une sensibilité de certitude, de clarté et de confiance".
Seulement, inutile de revenir d'une retraite de trois mois dans un ashram en Inde pour le savoir : être énervé·e rime rarement avec bien-être. Pourtant, c'est tout ce dont on aurait besoin, de se faire du bien, d'être apaisée, réellement épanouie. Des mots magiques qui semblent bien utopiques aujourd'hui.
Il existe heureusement des façons de transformer ces émotions quand elles deviennent nocives, et de se calmer (assez) aisément. Des astuces dont l'efficacité n'est plus à prouver, affirment une plusieurs expert·e·s. On vous en liste quelques-unes, à utiliser n'importe quand et à n'importe quelle fréquence - pourvu que ça marche.
Selon Raymond Novaco, professeur en psychologie, gérer la colère passe par trois phases : l'appréciation, l'affiliation et l'aspiration. Il développe auprès du Washington Post : "L'appréciation signifie faire attention non pas à ce qui nous met en colère, mais aux choses qui contribuent à la positivité dans notre vie. L'affiliation signifie entretenir nos relations. Et l'aspiration, c'est s'efforcer d'accomplir des choses qui nous dépassent ou qui servent les autres. Soit qui nous protègent de la colère".
Un mantra qui exclut donc de passer des heures sur les réseaux sociaux à regarder, en boucle, les infos. "Nous devons tous être très prudent·e·s en ce qui concerne notre exposition aux médias", avertit Joshua Morganstein, psychiatre, au journal américain. "Il y a tant de stimulation et tant d'informations. Et ce ne sont souvent pas des bonnes nouvelles". Selon l'expert, les pauses sont indispensables à une sérénité d'esprit qui, actuellement, nous manque. Et s'accorder un temps limité sur les écrans une idée hautement conseillée.
"Les émotions ne sont pas bonnes ou mauvaises en soi, c'est plutôt la façon dont nous traitons et réagissons à ces sentiments qui compte", précise le Dr Meg Arroll, psychologue, à Stylist.
Elle poursuit : "La colère, par exemple, peut être un moteur d'action assez puissant et changer par la suite lorsqu'elle est gérée et canalisée vers quelque chose de productif. Le problème de toute réponse émotionnelle est qu'elle entraîne des pensées négatives et répétitives, qu'elle nous fait perdre le fil, qu'elle crée des schémas qui nous maintiennent bloqué·e·s ou, pire encore, qu'elle entraîne des comportements nuisibles à la santé, tels que l'alimentation émotionnelle ou l'abus de substances".
Elle évoque ce que de nombreux·se·s psy s'accordent aussi à nommer "mécanismes d'adaptation" (lesdites activités productives que peut engendrer la colère ou autre émotion) qu'elle énumère par le biais d'une étude récente menée auprès de 2000 personnes au Royaume-Uni.
"70 % des sondé·e·s font de l'exercice ou se promènent pour atténuer certaines frustrations que les événements récents ont déclenchées, tandis que 72 % regardent un film, 63 % écoutent de la musique et 60 % lisent. Ce sont tous des exemples de mécanismes d'adaptation, qui épaulent notre santé mentale face à des événements qui échappent à notre contrôle".
Envie de tout jeter par la fenêtre ? Prenez donc un bon bouquin à la place.
Si, on l'a compris, exprimer ce qui nous ruine le moral est essentiel, attention toutefois à ne pas se perdre dans un trou noir de complaintes et de rage dont on ne saurait se sortir. A.k.a le fait de ruminer. "La rumination est connue pour entraîner des niveaux élevés d'anxiété et de dépression", prévient Meg Arroll, qui donne au passage une astuce. "Si vous sentez votre esprit s'emballer de colère, mettez un terme net à ce schéma de pensée en imaginant un grand signe rouge STOP. Ensuite, déplacez votre attention et concentrez-vous à nouveau sur ces mécanismes d'adaptation".
Elle évoque également qu'à trop parler et rabâcher les mêmes choses auprès de nos proches, surtout lorsque cela n'apporte aucune solution concrète à la source de nos émotions négatives, on risque de finir solo. "Des recherches ont montré que [ruminer] n'affecte pas seulement le bien-être mental, mais peut aussi rapidement conduire à une diminution du nombre d'ami·e·s qui peuvent se lasser de vos diatribes." Nous voilà prévenu·e·s.
L'experte assure enfin que miser sur l'acceptation, le lâcher prise et le fait de s'investir pleinement dans ce que l'on peut réellement contrôler aideront sur le long terme à ne pas se laisser submerger par l'apparition spontanée de nos excès de colère. A étudier, donc.
Le Dr Novaco, lui, met l'accent sur le fait de nommer puis normaliser ces émotions. "Je pense qu'il est important pour tout le monde, en ce qui concerne l'anxiété ou la colère, de reconnaître en quelque sorte qu'elle est là. 'Oh oui, je suis anxieux en ce moment, et c'est normal'", avise-t-il.
Il suggère ainsi de se laisser aller à ce sentiment pendant une courte période et de passer ensuite soit à une activité productive comme cité précédemment, soit à un moment où l'on prendra exclusivement soin de soi, en s'accordant une parenthèse selfcare bien mérité.
Et pourquoi pas en remplaçant le masque sanitaire par le masque de beauté lorsqu'on est chez soi ? Une chose est sûre, tous les moyens sont bons pour décompresser.