"Qui aurait cru qu'il serait plus facile pour une femme noire en 2022 d'aller dans l'espace que d'être servie dans un des cafés les plus symboliques de Paris ?". C'est la question que se pose l'ancienne ministre à l'Egalité femmes/hommes Elisabeth Moreno l'espace d'une tribune sur le HuffPost.
Dans ce texte, la femme politique témoigne d'une situation discriminatoire dont elle a été victime. Dans un café parisien, Elisabeth Moreno et ses quatre accompagnatrices furent incitées par un manager à s'installer à l'étage pour ne pas "déranger" un habitué des lieux, assis à proximité - selon les mots dudit manager.
"Nous n'étions pas des habituées, nous. Nous n'étions qu'un groupe de femmes noires et métisses, certaines étrangères, et notre présence dérangeait un habitué", dénonce Elisabeth Moreno. Avec ce texte, elle souhaite dénoncer le sexisme et le racisme qui persistent encore bien trop dans l'espace public en France.
Pour Elisabeth Moreno, cette situation en dit long sur la condition des femmes noires en France. "La persistance des stéréotypes continue de fracturer notre nation plurielle, et cette discrimination latente est une attaque insupportable à la dignité humaine", fustige la ministre, pointant du doigt "les pratiques d'établissements qui, sous couvert d'être sélectifs, se permettent d'exclure les femmes et les hommes issus de la diversité".
"La question des discriminations, quelles qu'elles soient, continue de créer un profond malaise et nous renferme. Combattre ces maux qui ternissent la cohésion sociale est résolument l'affaire de toutes et de tous. Dans un contexte où notre avenir est fragilisé par des tensions sociétales de plus en plus palpables, il nous faut reconstruire sans attendre notre volonté de participer à un projet social commun", affirme-t-elle.
Par-delà ce projet fédérateur, Elisabeth Moreno déploie un constat critique. "Cette dernière décennie, la loi encadre davantage les obligations de formations imposées aux recruteurs du privé et agents publics. Ce cadre légal est primordial, mais demeure insuffisant, si l'apprentissage de ses propres biais discriminatoires ne devient pas un combat du quotidien", insiste l'ex-ministre. Des biais que la ministre dit "parfois inconscients".
Et Elisabeth Moreno de conclure : "Dans un contexte où notre avenir est fragilisé par des tensions sociétales de plus en plus palpables, il nous faut reconstruire sans attendre notre volonté de participer à un projet social commun. Un projet qui valorise, plutôt que rejette, nos différences et nos singularités individuelles."