Le projet de réforme des retraites souhaité par le gouvernement, reculant l'âge de départ à la retraite à 64 ou 65 ans à partir de 2030, soulève la question de l'égalité femmes-hommes en France. Cette réforme nous confronte à des disparités déjà très visibles, comme les inégalités salariales : les salaires des femmes sont inférieurs en moyenne de 22% à ceux des hommes, d'après les chiffres de l'Insee. Et comme le démontre l'étude d'impact transmise au gouvernement ce lundi 23 janvier, le recul de l'âge légal de départ à la retraite concernera davantage les femmes que les hommes.
Ainsi, le recul de l'âge de départ à 64 ans obligera effectivement les femmes nées en 1972 à travailler en moyenne sept mois de plus, et, les hommes du même âge... cinq mois. Comme le précise le Huffington Post, cet écart déjà net serait beaucoup plus considérable pour la génération née en 1980. Les femmes correspondant à cette tranche d'âge devront effectivement travailler huit mois de plus. Et les hommes ? Quatre.
À l'issue du Conseil des ministres où la réforme des retraites a été présentée, le ministre du Travail Olivier Dussopt a ainsi reconnu à demi-mot le caractère inégalitaire de ce projet de réforme, qui pourrait davantage pénaliser les femmes. "Les inégalités de retraite que l'on constate entre les hommes et les femmes ne sont pas liées au système des retraites en lui-même, mais aux différences de carrières professionnelles entre les hommes et les femmes", a ainsi déclaré Olivier Dussopt.
Cet écart de quelques mois prend également en compte l'allongement de la durée de cotisation du côté des femmes. Le ministre du Travail, qui a considéré cette différence comme "une conséquence" du projet de réforme en cours, a cependant ajouté à ce sujet : "Aujourd'hui, un certain nombre d'assurées femmes partent à la retraite de manière un peu anticipée par rapport aux hommes - en âge effectif et pas en âge légal de départ - du fait du bénéfice des majorations de durée de cotisation au titre de la maternité".
Toujours est-il de cet écart entre les genres suscite la perplexité alors que la Première ministre Elisabeth Borne avait vanté les vertus de ce projet, assurant notamment que cette réforme valoriserait les carrières "hachées et incomplètes" (un phénomène majoritairement féminin), notamment par le prise en compte du congé parental dans le dispositif carrières longues.
Mais les voix discordantes se multiplient, même au sein de la majorité. Ainsi, le ministre des Relations avec le Parlement Franck Riester, y est allé lui aussi de son petit commentaire sur le plateau de Public Sénat ce 23 janvier : "Les femmes, pour atteindre leur durée de cotisation, utilisent notamment des trimestres validés par enfant. Évidemment si vous reportez l'âge légal (à 64 ans), elles sont un peu pénalisées. On n'en disconvient absolument pas". Franck Riester admet que cette réforme n'est pas tout à fait "juste".
Des inégalités soulignées par de nombreux économistes. "Les femmes ont des durées de carrière plus courtes parce qu'elles se retirent de l'emploi pour prendre en charge les enfants. Pour réduire les inégalités au niveau des retraites, il faut surtout s'attaquer à tout ce qui vient avant, pendant l'activité professionnelle mais aussi dans la société", expliquait ainsi auprès de TV5 Monde la chercheuse Christiane Marty.
Après une journée de mobilisation très suivie le 19 janvier dernier, une nouvelle journée contre la réforme des retraites se tiendra le 31 janvier à l'appel de huit principaux syndicats français.