La Fashion Week printemps-été 2021 touche à sa fin. Sur les réseaux sociaux, on s'en donne à coeur joie pour critiquer, de façon plus ou moins dithyrambique, les défilé des créateur·ice·s du moment. Les looks baroques de Dior, l'impeccable - et acidulé - défilé digital de Miu Miu, mais aussi le tournant non-genré de Louis Vuitton, avec des tenues signées Nicolas Ghesquière qui transcendent les codes du féminin et du masculin.
Interrogé par Vogue à ce sujet, le styliste et directeur artistique Femmes de la maison développe d'ailleurs l'intention derrière sa collection : "Depuis quelques années, je m'intéresse à une mode non-genrée, et à l'évolution que cela suppose : comment les vêtements d'aujourd'hui deviennent bien plus accessibles pour des personnes de sexes différents, de genres différents et les personnes non-binaires."
Il poursuit : "Il y a cette zone intermédiaire qui prend de plus en plus d'importance. Je ne dirais pas zone grise, c'est plutôt une zone arc-en-ciel. Cela fait des années que des jeunes stylistes travaillent là-dessus, ce n'est pas un concept neuf du tout, mais je pense que pour des grandes maisons comme Louis Vuitton, c'est très intéressant." Et il n'est pas le seul à bousculer l'industrie de la mode.
Chez l'illustre marque italienne Gucci par exemple (la griffe préférée d'Harry Styles), on retrouve, du côté des hommes, une tenue qui échappe aux atours attribués traditionnellement aux vestiaires masculins ou féminins. Une robe tartan orange et beige 100 % coton, brodée, ornée de boutons en nacre et d'un noeud en satin à la taille, ainsi que d'un col Peter Pan blanc contrasté qui, selon le site de la griffe, ajoute "un élément inspiré de l'enfance" au vêtement issu de la collection automne-hiver 2020. Tout un programme - qui n'est pas sans rappeler les jupes pour hommes de Jean Paul Gaultier - qui vise à défier "les stéréotypes toxiques qui façonnent l'identité masculine".
Sur les réseaux sociaux, les réponses à la pièce sont hétéroclites. Certains questionnent l'aspect général du look, l'association robe-denim, d'autres, son coût (1900 euros) : "Si vous voulez lutter contre les 'stéréotypes masculins toxiques' et que vous avez 1 700 £ (environ 1900 euros, ndlr) de côté, donnez 1 680 £ au centre d'hébergement pour femmes local et achetez-vous un t-shirt", écrit un internaute. D'autres encore, critiquent plus trivialement la démarche.
Mais les commentaires que l'on retient sont ceux qui la célèbrent. Notamment celui-ci : "J'espère que c'est le début de la réduction du stéréotype masculin toxique qui fait que je ne peux pas porter de robe au travail (je peux le faire sur le plan organisationnel, c'est important, je ne peux pas le faire sur le plan social) Et oui, je le ferais. Surtout en été."
Car c'est bien de cela dont il s'agit : paver la voie d'une liberté de s'exprimer qui s'affranchit réellement des carcans sociétaux réducteurs. Et grâce à sa création, que l'on puisse se permettre un achat aussi conséquent ou non, Gucci continue de prouver à quel point ces derniers sont dépassés.