Joueuse internationale française de rugby, deuxième ligne du Stade français de Paris, membre de l'équipe de France féminine de rugby, parvenue à la troisième place de la Coupe du Monde sous les couleurs de France Féminines... A 29 ans, le CV d'Assa Assa Koïta force le respect. Mais la native de Vitry-Sur-Seine a pris sa retraite en 2020. Mais aujourd'hui, la championne a décidé de parler de sa mise à l'écart du XV de France dès 2015.
Sur l'antenne de Bein Sports, Assa Koïta estime que la fin de son aventure chez les Bleues coïncide avec sa décision de porter le voile. "Une fois que j'ai commencé à porter le foulard, j'ai reçu des coups de fil de la Fédération française de rugby. J'ai pensé que c'était un sujet qui fâchait et soulevait des questions. On m'a posé des questions, les gens ont eu peur".
"On m'a ensuite appelée pour me dire que cela ne dérangeait pas pour aller en sélection, que je porterai un bonnet. Je recevais des coups de fil... mais je n'étais pas appelée en stage. Dès le premier coup de téléphone je savais que c'était mort et que je ne serais plus appelée. Cela devait leur poser problème", poursuit Assa Koïta.
Entre les lignes, une dénonciation incisive d'une sphère professionnelle discriminatoire.
"Malheureusement, on voit cette discrimination dans plusieurs fédérations du sport. Merci Assa pour le courage de tes convictions", a réagi la journaliste, autrice et conférencière Shireen Ahmed, instigatrice du podcast féministe intersectionnel Burn It All Down et spécialiste du traitement des femmes musulmanes dans le milieu sportif. L'an dernier, nous rappelle la chaîne RMC Sport, Assa Koïta narrait déjà son expérience publiquement : "Je sortais d'une Coupe du monde, on continuait à m'appeler en équipe de France... mais dès le moment où j'ai mis un foulard, on ne m'a plus appelée", affirmait-elle alors.
Des accusations directement contestées par Annick Hayraud, la manageuse générale de l'équipe France Féminines. "Les convictions religieuses d'Assa ne sont jamais entrées en ligne de compte dans nos choix", assure-t-elle du côté du site spécialisé Rugbyrama. Avant de poursuivre : "Si Assa n'est pas revenue en sélection, c'est qu'elle n'avait pas retrouvé le niveau auquel on l'avait connu et qu'elle avait du mal à revenir. Le sujet du voile ne s'est jamais posé. Sa religion n'entrait en aucun cas dans nos critères de sélections".
Une défense qui ne convainc pas l'ancienne joueuse de rugby. "Je sais que j'étais un pilier de l'équipe, que je lui apportais énormément et surtout que j'avais toujours le niveau. Je méritais d'y être, on m'a enlevé une partie de mon rêve", avance-t-elle encore à l'antenne de Bein Sports. Avant de dénoncer l'attitude des responsables des équipes sportives, "qui ne connaissent pas la religion et ont des préjugés, sont enfermés dans leur bulle".
Des réflexions percutantes qui devraient parler à beaucoup. Car comme le souligne Libération, le port du voile, s'il est accepté par certaines fédérations sportives (sous couvert de quelques nuances parfois), demeure tabou au sein d'autres institutions. Il est par exemple interdit par la Fédération française de football, afin de "respecter les principes constitutionnels et législatifs de laïcité".