Depuis le 17 mars, et pour endiguer l'épidémie de nouveau coronavirus, le mot d'ordre est à la distanciation sociale et à l'auto-isolement. On ne le sait que trop bien. Les seules âmes auxquelles on peut se frotter (de façon consentante) sont celles qui partagent notre foyer - si tant est qu'elles ne soient pas à risque. Des précautions nécessaires pour espérer minimiser les dégâts de la maladie, qui a déjà causé plus de 100 000 décès à travers le monde, et qui pourrait durer quelques années.
Or, d'un point de vue émotionnel, le contact entre humains est primordial. Se prendre dans les bras, se caresser, se toucher, possède des vertus avérées. Le bien-être mental s'en ressent indéniablement, et cela pourrait aussi avoir des incidences sur le comportement en société. Une étude relayée par Refinery29 a d'ailleurs prouvé qu'avoir des relations tactiles entre ami·e·s pouvait diminuer les incidents d'agression.
Pour arriver à ces conclusions, les chercheur·se·s se sont concentré·e·s sur deux pays dont les coutumes sociales diffèrent légèrement : la France et les États-Unis. Ils ont ainsi observé que les adolescent·e·s français·e·s se touchaient de manière amicale (comme des câlins, des tapes dans le dos, etc.) bien plus que leurs homologues américain·e·s. Les jeunes Français·e·s entraient en contact avec leurs pairs 110 fois en 30 minutes, contre deux fois en 30 minutes pour les lycéen·ne·s outre-Atlantique. Résultat : ces dernier·e·s n'avaient pas moins besoin de ce contact, au contraire, mais s'en trouvant dépourvu·e·s, devenaient plus agité·e·s, croisaient leurs bras, faisaient craquer leurs doigts.
De même, le rapport a révélé que "les cultures où les personnes sont très tactiles enregistrent des taux de violence relativement faibles, contrairement aux cultures où l'on se touche peu, qui recensent des taux extrêmement élevés de violence chez les jeunes et les adultes". Pour Jesse Kahn, sexothérapeute et directrice du Gender & Sexuality Therapy Center de New York, le contact entre proches reste surtout un moyen d'être bien dans sa peau, en agissant notamment sur le stress.
"Il s'agit d'un besoin émotionnel et physique basé sur notre biologie et notre psychologie", explique-t-elle à Allure. "Le toucher peut libérer de l'ocytocine, réduire le stress et calmer notre système nerveux". Et c'est tout à fait naturel d'en ressentir un manque parfois éprouvant, qui influe sur notre humeur, lorsque l'on est confiné·e seul·e. Ce phénomène est connu sous le nom de "faim de toucher" ou "faim de peau". Il peut, dans des cas plus graves, provoquer une certaine forme de dépression, d'anxiété et d'insomnie. Pas de panique cependant, il existe des façons de remplacer temporairement ces interaction, pour aller mieux.
Pour Shadeen Francis, sexothérapeute, la solution est simple : se cajoler en solo en misant sur notre créativité. "Vous devrez peut-être faire preuve d'imagination en fonction de vos capacités physiques, mais en fin de compte, il s'agit de passer un peu plus de temps en contact affectueux avec votre peau", conseille-t-elle. Certains types d'intimité peuvent consister à se faire un câlin, à s'auto-masser, à caresser ses animaux de compagnie ou un oreiller moelleux, à prendre un long bain ou une douche, à s'enrouler dans une couverture, à jouer avec des textures comme les plumes, la soie ou le cuir contre sa peau et à s'enduire de lotion. Tout un programme qui nous remonterait facilement le moral.
Et puis bien sûr, il y a la masturbation, phase essentielle de cette reconnexion avec soi-même en attendant que les autres puissent prendre le relais. "Si vous ne savez pas par où commencer, concentrez-vous d'abord sur le contact de vos doigts sur votre épiderme. Pensez à l'endroit où vous aimez être touchée, d'habitude", incite l'experte. "Est-ce votre dos, vos mains, votre visage, votre poitrine, votre sexe ?". Elle avise également de ne pas se cantonner aux zones érogènes les plus évidentes, et de saisir l'occasion de cette découverte du toucher pour explorer des régions méconnues.
Autre alternative pour celles et ceux qui ne seraient pas d'humeur : l'intimité à distance. Appeler ses proches, évoquer le manque, tenter les "câlins virtuels" (si, si). Opter pour le contact technologique le temps que l'option physique soit à nouveau accessible. Se confier, avec bienveillance et indulgence, ne pas hésiter à exprimer ses frustrations. Et si la discussion nous fout le cafard, on pourra toujours pleurer sur notre épaule.