Sharon Moalem est un médecin, scientifique et auteur canado-américain, mais surtout un spécialiste de la génétique. Ses recherches se consacrent autant à la définition du sexe qu'à celle de l'ADN. Et dans son dernier livre, La meilleure moitié (publié fin septembre 2020 aux éditions Kero), sous-titré "Ou de la supériorité génétique des femmes" (ça claque, oui), l'expert émet une hypothèse stimulante : et si les femmes étaient génétiquement supérieures aux hommes ?
Une éventualité qui n'est pas avancée au hasard. En s'attardant sur leurs spécificités génétiques, le scientifique a découvert que les deux chromosomes X des femmes conféraient à ces dernières une meilleure résistance aux microbes, mais aussi un cerveau plus développé, comme le synthétise TV5 Monde. A cela, il faudrait encore ajouter une longévité supérieure et une meilleure perception des couleurs.
Tout cela serait dû, dixit Sharon Moalem, à une "diversité génétique", en net avantage par rapport aux hommes, dont le couple "chromosome X et chromosome Y" serait donc synonyme d'infériorité génétique. Si beaucoup risquent de pester face à ces assertions, rappelons que le médecin avait déjà dédié un ouvrage aux incidences de nos gènes sur notre existence : Comment nos gènes changent nos vies, et nos vies changent nos gènes, en 2014.
Le fruit de recherches au long cours, donc.
Recherches si solides d'ailleurs que le Guardian perçoit sa Meilleure moitié comme l'antidote absolu "au mythe du sexe faible". Comme nous le relate le journal britannique, Sharon Moalem détaille les avantages relatifs au fait de posséder un second chromosome X en se basant sur des données aussi bien médicales qu'historiques. Système immunitaire renforcé, tendance à éviter davantage les infections, mais aussi plus forte résistance à la famine et meilleure endurance, les conclusions positives du médecin ne manquent pas. Ce qu'entend ainsi bousculer le spécialiste, ce sont des siècles de génétique avant tout abordée par des porteurs de chromosomes X et Y.
Tradition génétique qui a toujours insisté sur une chose : l'un des deux chromosomes X dudit "sexe faible" serait inactif dès la naissance. Mais Sharon Moalem, lui, ne croit pas en cette désactivation, il assure même l'inverse et voit en cette assertion une preuve de la "cécité des paradigmes" délivrés depuis toujours par les scientifiques masculins. Loin d'être inactif, ce second chromosome X est un don. Vous l'aurez compris, pour Moalem, "la santé des hommes n'est pas la santé des femmes". C'est même le titre de l'un de ses chapitres.
Une hypothèse intéressante mais pas forcément convaincante si l'on en croit Denis Duboule, professeur de génétique à l'Université de Genève interrogé par TV5 Monde. Selon l'expert contradictoire, "ce n'est pas ainsi que les choses se passent : certains gènes du chromosome X peuvent exister en deux versions chez les femmes mais les cellules n'ont pas le 'choix' quant à celui qui sera exprimé. De plus, les deux sexes d'une espèce évoluent ensemble en génétique... c'est une vision erronée que de croire que l'un prendrait le dessus sur l'autre".
"Erronée" ou révolutionnaire, cette vision devrait engendrer bien des débats...