Personne n'est dupe : ça ne va pas fort. Entre l'automne qui est plus morose que jamais et les nouvelles du front, aka les premières lignes qui luttent contre le Covid, l'angoisse s'installe. On ne sait pas vraiment de quoi demain sera fait, et ça ne va pas en s'améliorant. Les rumeurs de reconfinement vont bon train et la perspective de rester à nouveau cloîtré·e chez soi qui se profile - aussi nécessaire soit cette mesure pour endiguer l'épidémie - nous déprime, il faut bien le dire.
Quand on demande à notre entourage, ce qui nourrit particulièrement cette humeur plus basse que terre, c'est justement l'incertitude qui rode en ce qui concerne l'avenir. On n'a aucune idée de quand on pourra retrouver nos proches sans craindre de les contaminer ou inversement, ou reprendre une vie aussi "normale" que possible, forcément adaptée au fameux "monde d'après" (pas si différent). Rien de bien optimiste, clairement.
Seulement pour notre propre bien-être, mieux vaut essayer de garder espoir, et tout faire pour ne pas (trop) broyer du noir. Plus facile à dire qu'à faire, on en convient. Afin de nous simplifier la tâche, plusieurs expert·e·s y vont de leurs conseils. Des astuces, des rituels, des activités qui nous aideront à rester joyeux·se - ou du moins, autant que faire se peut - quand tout autour de nous semble vaciller.
On ne parle pas de se forcer à s'esclaffer solo dans son salon pour rompre le silence, mais plutôt de miser sur ces films/séries/one wo·man show/vidéos Youtube d'hippos qui pètent (péché mignon, désolée) qui marchent à tous les coups. La psychologie Angela Duckworth l'assure auprès de Women's Health : il s'agit un mécanisme de survie comme un autre.
Les fans d'Harry Potter auront saisi la référence, les autres : explications. Transplaner, c'est se téléporter ou se transporter où on veut, par la simple force de son claquement de doigts et de son esprit. Un pouvoir magique qu'on aimerait clairement posséder à l'heure du confinement et du couvre-feu, qui nous permettrait de se déplacer d'un lieu (garantit sans personnes à risque) à l'autre sans avoir à mettre un pied dehors.
A la place, la Dre Terri Bacow propose de faire tout comme. De s'allonger sur un lit, de fermer les yeux et d'imaginer exactement l'endroit où on aimerait être, les sensations qui l'accompagnent, son odeur... "S'imaginer en train d'agir active les mêmes régions du cerveau que quand on agit réellement", détaille la spécialiste. "D'ailleurs, il perçoit souvent les choses que nous imaginons comme étant équivalentes à des souvenirs réels." Et c'est connu, visualiser un souvenir heureux - ou une projection dans le cas présent -, rend heureux·se.
"Débarrassez-vous des pensées négatives", lance Jay Shetty, autrice d'ouvrages sur le sujet. Bien sûr, tout le monde n'est pas à même de transformer son spleen en joie de vivre en quelques minutes. Il faut un peu de temps et beaucoup d'efforts.
Mais quelques conseils ne font pas de mal : d'abord, "repérez les schémas de pensée que vous n'aimez pas (par exemple, 'je suis seule') ; ensuite, arrêtez-vous et réfléchissez ('ce temps de solitude supplémentaire peut être synonyme de force et de réflexion') ; enfin, changez votre façon de penser ('c'est une période de solitude, et j'en sortirai plus apte à me rapprocher des autres')".
Une façon "désencombrer votre esprit pour qu'il devienne une pièce dans laquelle vous voulez passer du temps", assure l'experte.
L'époque a bouleversé nos plans, nos boulots, nos relations. Dans certains cas, on peut avoir l'impression d'avoir perdu une part de son identité, aussi. Pour réussir à se retrouver, la yogi et guru de pleine conscience Mandy Ingber avise de considérer d'autres aspects positifs du moment présent. "Ce n'est peut-être pas l'année pour gagner de l'argent, mais c'est peut-être l'année pour pratiquer la méditation ou bosser sa créativité", estime-t-elle.
"Je pense que les gens sont plus heureux lorsqu'ils sont à la poursuite d'un objectif significatif. Lorsque nous perdons cette sensation, nous nous sentons sans but et inutile", analyse à son tour la psychologue Angela Duckworth.
Son conseil de pro : repenser à ce qui nous anime, ce qui nous passionne et se demander pourquoi on aime tant s'adonner à cette activité. "Aimiez-vous travailler avec vos mains ? Ou le sens du travail d'équipe ? Alors trouvez un autre moyen d'arriver au même but".
Comme un fichier à ouvrir quand on a besoin de booster sa confiance en soi, on compile dans son téléphone quelques compliments vraiment chouettes qu'on a reçus de nos proches. Des mots tout doux qu'on relit de temps à autre et qui nous filent le sourire.
"Faites confiance à la future vous pour gérer les problèmes du futur", encourage Dre Emily Anhalt. En d'autres termes, tout ce qui se passera dans le futur sera traité... à ce moment-là. Et la psy de conclure : inutile de s'en inquiéter maintenant. A se répéter autant que possible.
Ne pas lésiner sur les petits gestes de self-care au quotidien. C'est-à-dire s'autoriser des moments à se faire du bien : une sieste, une série au lit, lire à la fenêtre, s'arranger un coin chaleureux où on aimera s'installer, se faire un masque, un thé bien chaud... Bref, la liste est longue et la tâche essentielle. Pour soi, mais aussi pour les autres. C'est en se cajolant d'abord qu'on peut être un meilleur soutien.
La recommandation semble à côté de la plaque, et pourtant. En limitant notre colère légitime à une fenêtre réduite, "cela permet de se libérer l'esprit le reste du temps pour ressentir les bonnes vibrations qui se présentent à vous", affirme Dre Anhalt. Perso, on préférera s'y adonner le matin histoire de continuer la journée d'un meilleur pied. Ou à plusieurs, en se plaignant par téléphone auprès d'ami·e·s qui en ont tout autant marre que nous.
On l'a vu dans pas mal de bullet journals, ces carnets qui organisent notre vie de façon ludique. On adopte le journal de gratitude : chaque jour, on écrit ce pourquoi on est reconnaissant·e. Un rituel qui permet de s'accrocher à de bons moments plutôt que de ruminer sur des phases moins cool. Si on n'a pas forcément envie de prendre la plume, on y pense avant de fermer les yeux.
Qu'il s'agisse d'un Zoom avec ses potes les plus proches ou d'un appel à sa grand-mère qui a toujours le don de nous réconforter, on prend ce qui nous remonte le moral instantanément, et on s'y tient, quitte à instaurer un rendez-vous régulier.
On l'abordait plus haut, que l'on soit adepte de la pratique depuis toujours ou carrément novice, c'est le moment de se lancer. De faire le vide, de ne plus penser à ce qui nous obsède ou nous chagrine. Se recentrer pour être plus enclin·e à se réjouir de petits bonheurs par la même occasion.
Au lieu de se rajouter du stress et une tonne de tâches personnelles qui nous angoissent rien que d'y penser, on se focaliser sur ce qu'on ne doit PAS faire. "Rayez une ou deux choses que vous n'avez pas vraiment à faire aujourd'hui - par exemple un appel au service clientèle qui vous obligera à rester au téléphone pendant 20 minutes - de votre to-do list", recommande la Dre Laure Nadel à Women's Health. "Ensuite, donnez-vous activement l'instruction de ne pas y penser lorsque vous avez besoin d'une pause mentale". On vient de gagner vingt minutes pour se mater un épisode de Friends.
Les réseaux sociaux ne sont pas uniquement bons à jeter, on peut aussi y trouver quelques pépites qui nous mettent du baume au coeur, quels que soient nos intérêts. Des influenceur·se·s d'un genre particulier qui nous font rire, voyager, nous émeuvent... tout ce qui nous offre une parenthèse un peu plus enchantée que la situation actuelle (pas dur), on prend.
Aussi incertain soit le futur, se persuader qu'il sera forcément brillant, et que la phase que l'on traverse actuellement, aussi difficile soit-elle, ne sera un jour qu'un mauvais souvenir, aide à tenir. Et puis croire en sa capacité à s'adapter si ce n'est pas vraiment le cas, aussi.
Se sentir utile permet de se concentrer sur des problèmes qui nous dépassent, affirme le psychologue Pascal Anger. Et de fait, nous empêche de tourner en rond et de s'apitoyer sur son sort. Donc aide à relever la tête et à relativiser, aussi. Si devenir bénévole en extérieur peut sembler compliqué, il existe tout un tas de façons de s'investir depuis chez soi. Et d'aider les soignant·e·s et les personnes vulnérables.
Qu'il s'agisse d'un album, d'une playlist choisie, de la radio ou d'un podcast, se laisser aller à une demi heure ou plus de bon son quotidien offre des vertus non négligeables. On ferme les yeux et on s'abandonne le temps d'un épisode, d'une pause méritée, en écoutant la voix du·de la narrateur·ice ou une mélodie prenante. Repos et évasion garantis.
Ou en tout cas, d'espaces verts disponibles autour de chez soi. Des parcs, des forêts, la mer pour les plus chanceux·se·s. Rien qu'une balade dans la rue au soleil redonne un peu de points de vie, et égaye notre esprit. En attendant de pouvoir à nouveau partir aussi loin qu'on le souhaite.
Elles dictent nos façons d'agir même par temps de crise. Alors on tente au maximum de les mettre de côté en se répétant une phrase qui doit nous rester en tête : on fait surtout comme on peut. Et tant pis si on n'a pas "profiter" du confinement ou du couvre-feu pour apprendre trois langues et maîtriser la recette du banana bread.
L'expression "le nouveau normal" est partout. Pour la Dre Nadel d'ailleurs, elle est anxiogène et pas tout à fait juste. "Ce qui se passe n'est pas normal - et nous ne devrions pas nous attendre à ce que ce soit normal", dit-elle. "Vous convaincre de l'inverse vous fait vivre dans la peur et la colère - un cocktail toxique".
Alors que, si l'on considère plutôt cette période comme le "nouveau maintenant", on accepte davantage que les circonstances soient en perpétuel changement et non permanentes. Et donc, que des jours meilleurs sont à venir.