L'on ne compte plus le nombre de flagrants délits de sexisme qui prennent place dans les airs. Rappelez-vous par exemple de l'accueil réservé à la médecin afro-américaine Tisha Rowe en juillet dernier : alors qu'elle venait d'embarquer en compagnie de son fils de huit ans à bord de son avion pour Miami, une hôtesse avait exigé son départ immédiat pour cause de "tenue inappropriée". Ce combo gagnant (sexisme et racisme) n'a fait qu'allonger une liste de fiascos, comme le bad buzz provoqué (l'an dernier toujours) par la compagnie aérienne KLM Airlines. Celle-ci "conviait" les femmes enceintes à se cacher pour allaiter, "par respect" pour les passagers.
Une news bien indigne et pas si éloignée du traitement réservé en ce mois de janvier 2020 à Midori Nishida, une jeune voyageuse japonaise de 25 ans. Cette passagère comme les autres souhaitait simplement s'installer dans son avion en partance de Hong Kong, direction l'île de Saipan. Mais le personnel l'a forcé à réaliser... un test de grossesse. Une expérience que l'intéressée relate aujourd'hui avec indignation.
"Humiliant". C'est ainsi que cette pauvre passagère décrit ce que lui a fait subir il y a quelques jours le personnel de la compagnie aérienne Hong Kong Airways. Pour démontrer qu'elle n'était pas enceinte, Midori Nishida a donc du s'enfermer dans les toilettes et uriner sur un test, relate cet article édifiant du Wall Street Journal. Ce n'est que suite à cette vérification imposée par l'équipage que l'avion a (enfin) pu décoller. Mais pourquoi lui faire subir un test de grossesse ? Et bien, pour répondre aux "préoccupations des autorités de Saipan", nous explique le journal américain.
Effectivement, l'île du Pacifique répond à une législation particulière et bien connue : celle du droit du sol. Y accoucher signifie donc que vos enfants peuvent être éligibles à la citoyenneté américaine. Ce qui fait de Saipan une considérable destination de naissances pour le tourisme. Pas moins de 575 touristes chinois y auraient accouché en 2018, nous apprend le média. Et ce chiffre est loin d'enthousiasmer les autorités nationales, lesquelles craignent une hausse de l'immigration. C'est d'ailleurs pour cela que le personnel de l'avion fait systématiquement compléter un formulaire aux voyageuses, afin que celles-ci attestent de leur grossesse avant l'embarcation.
Formulaire qu'a correctement rempli Midori Nishida en précisant que, non, elle n'était pas du tout enceinte. Mais cette confirmation n'a pas empêché cette "humiliation" tout à fait dispensable. D'autant plus dispensable d'ailleurs que, selon les informations recueillies par le Wall Street Journal, les autorités n'auraient pas spécifiquement exigé à la compagnie aérienne des tests de grossesse, mais simplement un renforcement "des procédures de vérification". Une formulation qui ne change pas grand chose à l'expérience malheureuse vécue par la voyageuse. Et rappelle que dans certaines situations, les corps des femmes sont traités comme de simples marchandises.