Lundi 15 avril, Laélia Véron embarque sur un vol opéré par Transavia, compagnie néerlandaise et filiale low-cost du groupe KLM-Air France. Tout se passe bien jusqu'à ce qu'elle décide de se rendre aux toilettes à bord. Elle croise alors le stewart de service, qui lui demande de reboutonner son chemisier. Pourquoi ? "Pour son bien", lui répond-il.
La jeune femme ne se laisse pas faire et lui rétorque qu'il n'a pas à lui faire de remarque sur sa tenue. Ce dernier insiste, et réitère à sa sortie des WC. Sauf qu'à ce moment-là, la "courtoisie" si elle en était a complètement disparu.
Le stewart lui barre carrément la route et l'empêche de sortir, après lui avoir déclaré que c'est son "travail, qu'il est membre de l'équipage et qu'[elle] doit lui obéir", comme le raconte Laélia sur Twitter à sa sortie de l'avion, effarée à juste titre. L'hôtesse de l'air qui assiste à la scène défend son collègue, intimant même la passagère de baisser d'un ton.
Elle ne reboutonne pas son chemisier malgré l'intimidation physique du membre du personnel mais retourne à sa place finir le reste du vol "dans le stress et la colère qu'il vienne encore me chercher des noises", poursuit-elle sur le réseau social.
Une démonstration de sexisme pur et dur qu'elle n'a pas voulu taire. Elle demande dans la foulée des explications à Air France et Transavia. "J'attends qu'ils s'excusent publiquement, qu'ils me dédommagent et surtout qu'ils mettent en place une formation anti-sexiste auprès de leur personnel", nous confie-t-elle. "J'ai été très choquée qu'un membre de l'[équipage] se comporte ainsi, mais aussi qu'une de ses collègues le soutienne et que le troisième ne dise rien."
"Personne n'avait l'air de trouver cela anormal alors que je les ai prévenus que j'allais me plaindre", ajoute-t-elle. "Cela m'inquiète sur la formation générale du personnel et ce que pourraient être leurs réactions face à des cas similaires ou plus graves."
Du côté des passagers, elle nous explique en avoir parlé à deux personnes car elle avait peur que le stewart ne l'agresse à nouveau après l'atterrissage. "Il s'agissait d'un couple qui a très bien réagi et m'a dit que c'était inadmissible et ne m'a pas laissée seule".
Sur Twitter, elle a posté également la photo de sa tenue, non pas pour se justifier, mais pour donner tous les éléments.
Aujourd'hui, après avoir joint les deux compagnies et que son texte soit retweeté plus de 2000 fois, Laélia a réussi à entrer en contact avec la direction de Transavia. Selon elle, le buzz sur les réseaux sociaux "est à la fois une bonne et une mauvaise chose, bonne parce que cela montre le bon côté des réseaux sociaux, la solidarité, et mauvaise parce qu'il est anormal de devoir en passer par là pour pouvoir se faire entendre sur des demandes de base."
"Cette histoire illustre bien à quel point ce genre de comportement sexiste ne relève pas de la séduction mais de la domination", conclut-elle. "Ce stewart n'a pas supporté que je ne m'écrase pas. Ce qu'il voulait, ce n'était pas tant que je rectifie ma tenue mais que je lui cède. Cela montre aussi à quel point le harcèlement sexiste est partout, et peut venir de n'importe qui."