Malgré les grands mouvements de révolution féministe et la médiatisation plus affirmée des combats pour les droits des femmes, celles-ci font encore l'objet des violences - sexistes et sexuelles - et préjugés les plus tenaces. C'est ce sombre constat que déploie d'ailleurs un récent rapport détaillé du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Une étude d'envergure, puisqu'elle prend en compte les données et témoignages de pas moins de 75 pays, soit 80% de la population mondiale.
Cette initiative du PNUD est donc l'occasion de prendre le pouls d'un patriarcat global bien réactionnaire. La preuve en un chiffre : 30 %. Près de 30% des personnes sondées pensent qu'il est justifié qu'un mari batte sa femme. Un pourcentage tout à fait alarmant, qui témoigne de la banalisation des violences conjugales, assumée comme telle. Une pensée que l'on imaginait d'un tout autre temps. Mais peut être que non. Et ce n'est pas tout...
Car bien des données font état d'une situation mondiale tout aussi rétrogade, entre mainmise masculine et sexisme intériorisé. Saviez-vous par exemple que les femmes ne détenaient que 24% des sièges parlementaires dans le monde et ne représentaient que 12 % des plus grandes fortunes ? Que la moitié des hommes (mais aussi des femmes) au sein du globe estiment encore que les hommes font de meilleurs dirigeants politiques ? Ou encore que 40 % de la population mondiale pense que les hommes sont de meilleurs leaders d'entreprises et devraient être prioritaires sur le marché de l'emploi ? La moitié de la population masculine l'affirme sans détour.
Tout cela, ce n'est pas que du "data", développe le Programme des Nations Unies pour le développement, mais des "observations parlantes" qui, tel que l'analyse le communiqué de presse du rapport, démontrent de considérables "différences de pouvoir"- économique, politique, entrepreneurial, éducatif. Le rapport nous rappelle par exemple que les femmes sont encore sous-représentées dans les postes supérieurs. Malgré les élans d'indignation fédérateurs et les actions des associations et organisations militantes à l'international, mais aussi "les progrès réels accomplis pour réduire les inégalités des sexes dans des domaines fondamentaux du développement", poursuit le PNUD, force est de constater qu'il y a encore beaucoup de travail à faire.
Et ce n'est pas rien de le dire, quand l'on sait que près de 90 % des hommes et femmes nourrissent au moins un préjugé envers les femmes. Un chiffre majeur pour constater l'ampleur des dégâts. D'où l'importance d'alerter l'opinion. "Les inégalités entre les sexes sont encore trop évidentes dans certains domaines, en particulier dans ceux qui mettent en jeu des relations de pouvoir. Aujourd'hui, la lutte pour l'égalité des sexes passe par l'élimination des préjugés", déplore le chef du Bureau du rapport sur le développement humain du PNU Pedro Conceição. Une lutte ardue, notamment en Inde, Afrique du Sud et Roumanie, où les préjugés sexistes seraient les plus abondants.
Un sexisme insidieux puisqu'il peut tout aussi bien être accepté par les femmes que par les hommes. Le rapport affirme à ce titre que les normes de genres influencent considérablement "les attentes en matière de comportements masculins et féminins considérés comme socialement acceptables ou méprisés". Mais qu'est-ce qu'on attend au juste pour envoyer paître ce "socialement acceptable" ?