Sa voix rauque, son charisme naturel, sa poigne ferme, ses convictions... Personne n'a oublié Amélie Dorendeu, le personnage incarné par Anna Mouglalis dans la série Baron Noir. On l'a longtemps rêvé, Canal + l'avait fait : ériger une femme à la tête de la République. Mais il semblerait que ce scénario tende peu à peu à déserter le simple champ de la fiction. Car selon un sondage émis par le baromètre Harris Interactive auprès d'un échantillon représentatif de 1.028 personnes, vous seriez pas moins de 71 % à souhaiter que notre prochain président soit... une Présidente.
Comme l'énonce encore RTL (à l'origine de l'enquête), une majorité de concitoyens estime effectivement qu'une femme à l'Elysée constituerait une alternative "souhaitable". Faut-il voir là le désir d'un profond changement social, en ces temps de troubles politiques considérables ? Peut-être.
Il faut dire que, en comparaison de certains voisins et malgré sa Marianne emblématique, la France semble des plus à la bourre quand il s'agit de penser le pouvoir au féminin...
Surtout si l'on jette un léger coup d'oeil dans le rétro. En 2019, la très inspirante Sanna Marin est devenue la plus jeune cheffe de gouvernement au monde. Et a ainsi démontré la modernité de nos voisines et voisins finlandais. D'autant plus que son équipe est majoritairement constituée de femmes, de la ministre des Finances Katri Kulmuni à la ministre des Affaires européennes Tytti Tuppurainen. L'année écoulée fut aussi celle de Sophie Wilmès. La quadragénaire est entrée dans l'Histoire en devenant la Première ministre de la Belgique. Une victoire qui a fait date dans le paysage politique.
Partout à travers le monde, cela fait déjà quelques temps que les femmes ont pris le pouvoir. De Kolinda Grabar-Kitarovic, présidente de la république de Croatie depuis quasiment cinq ans, à Sheikh Hasina, Premier ministre du Bangladesh depuis 2009, en passant par Tsai Ing-wen (la Présidente de la république de Chine depuis le mois de mai 2016) et Hilda Heine (élue il y a quatre ans Président de la République des Îles Marshall), les exemples ne sont pas simplement anecdotiques : ils abondent, se suivent mais ne se ressemblent pas. Sans oublier bien sûr les cas de figure les plus emblématiques, comme le leadership de la chancelière allemande Angela Merkel.
Mais en France, le changement se fait encore attendre. Aujourd'hui, par-delà celles et ceux qui jugent cela "souhaitable", les français sont 57% à penser que l'élection d'une Présidente serait carrément "une situation probable", dixit RTL. Ce serait une première dans l'histoire de la République. Il y a peu, nous vous expliquions que plus de la moitié des hommes américains se disent (encore) opposés à l'idée d'une femme présidente. Et ce malgré la "hype" suscitée par la candidate démocrate Elizabeth Warren, laquelle pourrait bien bousculer le dinosaure Trump. Force est de constater que les français, eux, semblent bien moins réticents. Un signe d'espoir ?