Lancée à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la campagne #KuToo protestait contre l'obligation sexiste de porter des talons dans de nombreuses entreprises nippones. Le terme jouait sur les mots japonais "chaussures" et "douleur", et faisait également référence au mouvement #MeToo, symbole de la libération de la parole des femmes.
L'actrice et autrice féministe Yumi Ishikawa, à l'origine du phénomène, avait à l'époque lancé une pétition en ligne et défilé le 8 mars avec une pancarte #KuToo, pour attirer le maximum d'attention sur cette pratique discriminante. Elle souhaitait également pousser le "ministère de la Santé, du Travail et du Bien-Être à ordonner à chaque compagnie d'interdire le port des escarpins obligatoires".
Le 4 juin, elle s'est ainsi rendue devant le gouvernement pour présenter le texte signé par plus de 19 000 personnes : "Aujourd'hui, nous avons déposé une pétition pour demander une loi interdisant aux employeurs de forcer les femmes à porter des talons, ce qui est de la discrimination sexuelle et constitue un harcèlement", avait-elle déclaré comme le rapporte L'Express. Les militantes attendaient donc une réponse qui malheureusement, ne fut pas celle espérée.
Interrogé sur ladite pétition, Takumi Nemoto, le ministre de la Santé, du Travail et des Affaires sociales s'est adressé à une commission parlementaire en prenant la défense des entreprises. Porter des chaussures à talons hauts dès que l'on passe les portes du bureau "est quelque chose qui est socialement accepté et qui tombe dans le domaine de ce qui est professionnellement nécessaire et approprié", a-t-il simplement déclaré.
"Nécessaire" à quoi, si ce n'est l'appréciation masculine de leur silhouette en talons hauts ? On se le demande. Car en ce qui concerne l'aspect formel et approprié du soulier, il existe de nombreuses paires qui ne requièrent pas qu'une collaboratrice soit juchée sur des escarpins de 5 à 10 cm au quotidien. Et qui ne provoquent pas non plus de douleurs physiques.
En tant que ministre de la Santé, on se serait attendu à davantage de sollicitude quant à celle de ses compatriotes.