Au Japon, de nombreuses entreprises obligent leurs salariées à porter des talons hauts au quotidien, suggérant de façon pernicieuse que les femmes doivent rester séduisantes pour aller travailler. Une condition qui, en plus d'être sexiste, provoque de nombreuses douleurs. Saignements, déformation des pieds, maux de dos et dans la nuque, la liste est longue - et personne n'est épargnée.
JiJi Press rapporte d'ailleurs la plainte d'une femme malvoyante d'une vingtaine d'années, forcée de porter des talons hauts au travail, qui explique qu'il lui est difficile de garder son équilibre et de ne pas tomber si elle trébuche sur quelque chose.
Révoltée par ce constat et l'inactivité du gouvernement, Yasumi Ishikawa a lancé une pétition sur Change.org pour attirer l'attention sur cette contrainte insupportable. Elle explique à Nifty qu'elle souhaite par ce biais "éliminer les coutumes selon lesquelles les femmes portent des talons au travail" et pousser le "ministère de la Santé, du Travail et du Bien-Être à ordonner à chaque compagnie d'interdire le port des escarpins obligatoires".
Elle est également à l'origine du hashtag #KuToo, en rapport avec les mots japonais qui signifient "chaussures" et "douleur", et avec #MeToo, qui l'a inspirée.
Elle se confie d'ailleurs sur l'ampleur que #KuToo a pris en quelques jours, d'abord grâce aux 13 377 signataires de la pétition, mais aussi via Twitter, où des femmes comme des hommes s'indignent de cette situation injuste. "Beaucoup de gens sont d'accord avec l'idée qu'il faille créer un environnement où chacun peut travailler sans douleur, et je l'apprécie beaucoup", poursuit-elle.
Le 8 mars, journée internationale des droits de la femme, Yasumi Ishikawa marchera avec une pancarte #KuToo : "Cette pétition et le nombre de signatures qu'elle a récolté jusqu'ici commencent à répandre le bruit que quelque chose ne va pas. Et j'aimerais développer davantage ce mouvement."
Une prise de conscience qui n'est pas sans rappeler l'affaire Nicola Thorp, la réceptionniste britannique qui avait été renvoyée car elle refusait de porter des chaussures à talons de 5 à 10 cm pour aller travailler, alors que sa profession exigeait qu'elle reste debout 9 heures dans la journée.
Effarée que la loi autorise les entreprises à exiger un tel critère, elle démarre une pétition qui sera signée par plus de 150 000 personnes, et qui obligera le gouvernement du Royaume-Uni à publier un avis pour définir des règles de travail soucieuses de l'égalité des sexes.