Le chirurgien esthétique de 41 ans a 58 000 abonné·es sur les réseaux sociaux. C'est là qu'il attire ses client·es, avec un coup de pouce de la part de stars de la téléréalité, nombreuses louant son travail. Mais la réalité - justement - est toute autre.
Benjamin Azoulay a été condamné en février dernier à une suspension d'un mois avec sursis par la chambre disciplinaire de première instance d'Île-de-France pour publicité (pratique interdite pour les médecins en France), rappelle d'abord Le Parisien. Un verdict qui fait écho à celui rendu en 2017 par la chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des médecins, où il avait écopé deux ans d'interdiction d'exercer dont un avec sursis.
Le 5 mai dernier, des accusations de "mutilation" ont encore été révélées dans une longue enquête du quotidien. Enquête qui met en avant les témoignages de six personnes : Luna Skye et Emilie Amar, deux influenceuses issues de la téléréalité, et 4 autres plaignantes. Et ce 13 mai, ce sont 7 nouvelles accusations qui ont été portées pour des faits similaires dans Le Parisien.
Viriginie, 34 ans, est l'une des victimes présumées de Benjamin Azoulay. Elle aurait eu recours à ses services après avoir réussi à économiser 5 000 euros pendant des mois, sur un salaire de 1 700 euros mensuels, pour une rhinoplastie dont elle avait longtemps rêvé. Mais le chirurgien aurait complètement raté l'opération. Après des semaines de douleurs et d'odeur de "pourri" qu'il attribue à des "angoisses inutiles" de la part de sa patiente, un ORL signale à Virginie que des compresses ont été oubliées dans son nez, raconte-t-elle au Parisien. Et ce pendant 5 mois.
Et puis petit à petit, son nez s'affaisse. "Il l'avait tellement cassé que je respirais et dormais de plus en plus mal", se souvient-elle. Trois ans après, elle lâche au journal : "Je vis un enfer. Il ne faut plus que cela arrive à d'autres filles." Et d'ajouter, preuve des dégâts qu'elle reproche au docteur : "Les médecins m'ont annoncé qu'ils allaient devoir me faire une greffe de cartilage".
Laure, elle, aurait consulté l'accusé pour une liposuccion et des implants mammaires, qu'il avait réalisés "pressé", à quelques heures de prendre un train. L'intervention se serait transformée en infection. "Au fil du temps, les cicatrices se sont ouvertes, elles saignaient abondamment. L'implant droit s'est même retourné", raconte encore Laure. Alors qu'elle l'aurait confronté, le chirurgien aurait inversé la culpabilité. Laure aurait fini en larmes dans son cabinet.
Marine, 27 ans, décrit sa propre expérience, tragiquement similaire : "La première opération, mon mamelon dépassait du soutien-gorge, la seconde, mon sein était plus bas que l'autre".
"Je ne suis pas Dieu", s'est défendu Benjamin Azoulay dans le premier article du Parisien, regrettant une "ère procédurière". "Cela fait partie du métier. Il n'y a pas un chirurgien qui n'a pas connu de complications dans sa carrière. J'attaquerai toute personne qui osera porter atteinte à ma réputation". Pas Dieu, mais visiblement pas scrupuleux non plus.
Fin mai, lors de son audience au civil du tribunal judiciaire de Paris, le praticien sera en tout cas mis "face à ses responsabilités", précise Virginie.