Bien que sa prise en considération soit insuffisante au sein de la société française, le burn-out est l'un des grands maux de la vie active. Et il est bien trop facile d'y sombrer. Pour le comprendre, il suffit de s'attarder sur ce qui caractérise votre lieu de travail. Les attitudes des collègues, les démarches du/de la boss, votre manière d'échanger, l'ambiance globale... Spoiler : il se pourrait bien que tout cela respire la toxicité. Et sachez qu'un milieu professionnel malsain n'est pas si difficile à définir. Mais à quoi, au juste, le reconnaît-on ? On vous dit tout.
Dès le lundi matin, le moindre dialogue - du rendez-vous pro au "chatting" - se fait par emails ? Les conversations instantanées sont reines et les messages souvent lapidaires ? L'air de rien, ce modus operandi masque toujours une faille bien sévère : le manque de communication. Ne pas échanger de vive voix, ignorer l'importance du dialogue "IRL", est le premier signe d'un environnement toxique ou en voie de toxicité. Malentendus, ambiguïtés, tabous, constituent l'ordinaire des échanges électroniques pros : c'est inévitable.
Plus encore, l'absence de contact humain vous exclut du groupe, ou vous en donne la sensation. Coach en travail chez Client Matters, Alexandra Lichtenfeld l'énonce parfaitement : sans communication, "vous pouvez avoir l'impression d'être mis·e à l'écart, lorsqu'il y a très peu de conseils exprimés au sujet de votre travail ni la moindre correction". Impossible d'évoluer sans échanger. Et de déboulonner la routine ronronnante du métro-boulot-dodo.
Élément indissociable de cette communication au raz des pâquerettes ? Les prérogatives de votre manager. Si elles sont imprécises, brouillonnes voire carrément floues, c'est très mauvais signe. Pour une bonne raison, métaphorise le magazine professionnel Business Insider : "Sans phare et sans gouvernail, une entreprise est destinée à naviguer dans l'obscurité jusqu'à s'écraser sur les rochers". En gros, il faut une organisation claire.
Sans cela, comment conférer du sens à votre travail ? Anticipation, direction réelle et vision permettent d'assurer une forme d'harmonie dans votre vie pro. L'idéal pour esquiver les baisses de motivation et de moral. Mais l'exercice est périlleux si personne n'est là pour vous guider : vous foncez dans le mur. Le "flou" des directives est aussi le signe que quelque chose est cassé au sein de votre milieu professionnel. Ce à quoi Business Insider suggère deux solutions : "réparez-le" ou bien (la plus radicale) "trouvez la sortie". Partir un jour sans retour ?
Qui dit directives floues ne dit pas forcément que l'autorité est en berne. Au contraire, elle peut être exagérée, disproportionnée et contre-productive au possible. C'est d'ailleurs de cela dont s'alarme le site Forbes : un environnement de travail toxique se caractérise non seulement par un manque de communication, mais aussi par un refus de la contradiction de la part de votre boss. "[Certains patron·n·e·s] aiment qu'on leur dise qu'ils ont raison et voient le désaccord comme une trahison. Vous êtes soit avec eux, soit contre eux", s'attriste le média.
A en croire le magazine pro, cette forme d'autorité patronale, oppressive et arbitraire, va bien souvent de pair avec un règlement interne incohérent et un manque d'équité total. Ce refus de la contradiction et du débat permet surtout aux boss "d'exiger l'obéissance, d'exercer leur pouvoir en maintenant un sentiment de contrôle". A fuir !
Si vos collègues ont tendance à être systématiquement malades ou fatigué·es, pas la peine de mener votre enquête, cela prouve que la toxicité n'est jamais loin. Car une désastreuse expérience professionnelle est comme un virus : ses mauvaises ondes sont contagieuses et se propagent d'un bureau à l'autre, accablant les esprits et les corps. Et cette situation est loin d'être rare, bien au contraire. La preuve, le site de business Forbes parle même d'une "culture du surmenage chronique". Loin d'être invisible, cette culture-là s'imprègne de signes bien concrets.
Quand vos collègues semblent à deux doigts du burn out, que le "turn-over" au sein des équipes est fréquent, que leur santé mentale et physique (les deux vont souvent de pair) affichent un sévère déclin, c'est que le stress est bien trop omniprésent dans l'open-space. Et il ne faut pas prendre ce genre de choses à la légère. Car lorsque l'endroit lui-même semble "malade", les incidences ne sont pas seulement psychologiques. "À long terme, le stress chronique peut faire des ravages sur votre bien-être général et entraîner des maladies graves", prévient Forbes. Bref, prenez soin de vous.
La perversité narcissique n'est pas propre aux relations de couple. Bien souvent, le chaud-froid est maître au sein des bureaux. Une toxicité que l'on ne connaît que trop bien. Hélas, à l'instar d'une "culture de bureau" caractérisée par le bizutage, que l'on parvient désormais à nommer sans détour (ce n'est pas une culture, c'est du harcèlement), le narcissisme est facile à détecter mais ardu à rectifier, puisqu'il est considéré comme la norme : ce genre d'attitude est "bien souvent associée au leadership", déplore Forbes. "Il est d'ailleurs terrifiant de voir combien de narcissiques parviennent à atteindre les plus haut postes de pouvoir", s'attriste encore le magazine.
Par ailleurs, vous vous sentez ostracisé·e, des petits "clans" se sont formés et vous n'en faites pas partie. Pire, vous êtes isolé·e, les ragots vont bon train à la machine à café et vos charmant·es collègues n'hésitent pas à vous remettre sur le dos leurs erreurs. Vous êtes le/la bouc-émissaire. Crevez l'abcès ou fuyez.
L'anxiété est le maître-mot des environnements de travail toxique. Comment savoir si votre lieu de taf l'est ? Facile, vous stressez toute la journée. Une inquiétude vous assaille du matin au soir. Interrogée par la revue Readers Digest, la psychologue Lindsay A. Henderson est limpide à ce sujet : cette anxiété se caractérise par des maux d'estomac, une grosse tension à l'approche de chaque nouvelle journée de travail, une altération de votre appétit et de votre sommeil. Tout cela peut avoir des incidences : insomnie, poussées d'angoisse, réactions agressives... Votre hygiène de vie, elle, est totalement éclatée.
Insister sur cette anxiété est primordial, car elle est loin d'être évidente. "Parfois, les effets d'un lieu de travail toxique peuvent être plus apparents pour les autres qu'ils ne le sont pour vous", explique en ce sens Lindsay A. Henderson. Ainsi, votre famille ou vos amis peuvent, les premiers, remarquer que quelque chose a changé chez vous. Votre humeur, votre comportement, votre mine. "Le fait qu'ils remarquent un changement négatif dans votre attitude en dit long", note le site.
Raison de plus pour ne pas vous terrer dans cette toxicité. Comme tout rapport abusif, cette relation à votre lieu de travail, vos collègues ou vos supérieurs peut être confiée à votre entourage. Cela vous permettra de vous libérer d'un poids et de recueillir un avis extérieur, mesuré et bienveillant. "Il est facile d'être sur la défensive, mais essayez plutôt d'écouter leurs observations", suggère en ce sens le Readers Digest. En vous rappelant au passage que la place qu'occupe le travail dans votre vie ne doit pas l'emporter sur votre santé physique et mentale. Si tel est le cas, il est peut-être temps d'aller chercher un environnement de travail plus apaisé ?