Des cours de self-défense et de peinture. Voici l'idée de l'artiste Dibarah Mahboob pour aider les femmes Rohingyas réfugiées à Cox's Bazar, ville côtière située dans le sud-est du pays, où arrivent la plupart des Rohingyas qui fuient la Birmanie. Cette artiste âgée de 28 ans aide quotidiennement les femmes et les enfants Rohingyas à se remettre des violences physiques qu'ils ont subies avant de fuir leur pays. Beaucoup d'entre eux ont été victimes de violences sexuelles.
En novembre dernier, l'ONG Human Rights Watch a publié un rapport glaçant qui relatait des centaines de témoignages de femmes Rohingyas victimes de viol. Ces crimes ont été perpétués par les soldats birmans entre octobre et décembre 2016, indique l'enquête. "Le viol a été un outil important et dévastateur dans la campagne de nettoyage ethnique de l'armée birmane contre les Rohingyas", a dénoncé l'auteur du rapport Skye Wheeler. Une grande partie de ces filles et de ces femmes qui se trouve désormais au Bangladesh souffre de stress post-traumatique. Beaucoup ont sombré dans la dépression.
Pour Dibarah Mahboob, il est essentiel que ces femmes apprennent à se défendre. "La nuit, les camps sont plongés dans l'obscurité et il n'y a pas de bénévoles ou de personnel de sécurité pour les protéger. Nous entendons trop souvent que les femmes ne sortent même pas la nuit pour se soulager, à cause du danger qui se cache dans l'obscurité", a-t-elle expliqué à la chaîne de télévision américaine CBS News. Pour les aider à surmonter leur traumatisme, la jeune militante leur donne des cours d'autodéfense et discute régulièrement avec elles.
L'artiste aide également les enfants Rohingyas victimes d'agression avec des cours de peinture. "L'art permet de s'exprimer librement sans crainte de prononcer des mots difficiles", considère-t-elle. Originaire du Bangladesh, Dibarah Mahboob a effectué une partie de sa scolarité aux États-Unis, dans le Massachusetts. Elle a cependant décidé de regagner son pays en 2015, déterminée à donner plus de voix aux femmes au sein des sociétés des pays d'Asie de l'Est.
Depuis le 25 août 2017, plus de 620 000 Rohingyas ont fui les violences dans l'État de Rakhine, au Myanmar. Au total, près d'un million de Rohingyas sont réfugiés au Bangladesh dans des tentes de fortune, en proie à une immense précarité. Le sort des jeunes filles et des femmes est particulièrement inquiétant.
"Les femmes et les enfants représentent "82% des 800 000 réfugiés installés au Bangladesh. Six enfants sur 10 sont mineurs et 30% d'entre eux ont moins de 5 ans", affirme la doctoresse française Géraldine Brun revenue d'une mission humanitaire pour Médecins du Monde en octobre dernier. Les femmes rohingyas réfugiées au Bangladesh sont menacées par le mariage forcé et la prostitution.
Confrontés à une extrême pauvreté, certains parents rohingyas réfugiés au Bangladesh marient leurs filles adolescentes pour avoir des bouches de moins à nourrir. Des jeunes filles qui, pour la plupart, ne connaissent pas leur mari avant le jour du mariage et ne sont pas informées sur la pratique du sexe.