Elle les connaissait tous. L'un d'eux prétendait même être son petit ami. Trois des quatre jeunes hommes qui ont violé Shaïna en réunion alors qu'elle avait 13 ans en 2017 viennent d'être condamnés par le tribunal pour enfants de Senlis (Oise) à des peines allant jusqu'à un an de prison avec sursis. "Bien loin donc des trois ans et demi encourus", note 20 Minutes. Le quatrième a été relaxé.
"Je ne suis pas satisfait à 100 %", a déclaré son père au sortir de l'audience. "Ils ont été condamnés, mais les peines sont si faibles, ils vont pouvoir poursuivre leur vie comme si de rien était. Je sais bien qu'ils sont mineurs et qu'il faut en tenir compte mais ils ont sali ma fille."
Le jour des faits (les prévenus ont été initialement mis en examen pour viol en réunion puis renvoyés pour agression sexuelle en réunion), son ancien petit ami l'a "attirée dans un hôpital désaffecté, menaçant de dévoiler des photos dénudées d'elle", rappelle 20 Minutes. "Sur place, il exige des relations sexuelles. Alors qu'elle s'y refuse, deux autres adolescents arrivent et participent aux violences". Shaïna racontera qu'ils l'ont déshabillée puis pénétrée avec leurs doigts et un tube de Labello."
Shaïna avait alors directement porté plainte. Mais la justice aurait constamment remis en cause sa parole, évoquant notamment les "déclarations fluctuantes" de la jeune fille et l'expertise psychologique, alors qu'on connaît pourtant aujourd'hui les mécanismes de sidération que suivent un tel traumatisme. Les enquêteurs disposaient également de vidéos où l'on pouvait la voir dénudée, tentant de cacher son sexe sous les insultes.
Son frère, Yasin Hansye, déplore aujourd'hui : "On n'a pas été aussi entendus qu'on aurait aimé l'être. Cette peine met un terme aux rumeurs, mais ces individus sont partis sans avoir peur alors qu'il y avait des preuves, qu'ils se sont beaucoup contredits... "
Deux ans après les faits, l'adolescente de 15 ans a été poignardée et brûlée vive par son compagnon de l'époque, dont le procès s'ouvrira ultérieurement.
"Shaïna a traîné pendant deux ans, et même après sa mort, une réputation de menteuse, je suis satisfaite que la vérité soit enfin rétablie", confie Me Negar Haeri, l'avocate de la famille à 20 Minutes." Mais je suis furieuse qu'on ait encore du mal à la croire, qu'on dénonce des fluctuations dans son discours, sans prendre en compte les mécanismes de sidération alors qu'elle a toujours été constante sur l'essentiel."