La Seine-Saint-Denis s'est portée volontaire auprès du ministère de l'Education nationale pour expérimenter le brevet des collèges de non-violence. Cette mesure, proposée début octobre dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron et publiée dans le JDD, venait achever la trame d'un plan d'urgence élaboré par une centaine de personnalités féminines pour lutter contre les violences sexuelles.
"Il s'agit d'une étape pertinente dans la sensibilisation des jeunes générations", estime le Président du Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel, dans un courrier adressé au ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer et publié sur Twitter. "Si le gouvernement le souhaite, nous sommes prêts à agir", poursuit le socialiste, demandant "la mobilisation pleine et entière des services de l'Education nationale" pour la mise en place de ce dispositif, "un module obligatoire au collège sur le modèle du brevet de la sécurité routière", qui permet aux adolescents de plus de 14 ans de conduire un scooter. Car l'évolution des mentalités et des comportements passe intrinsèquement par l'éducation des jeunes générations. Enseigner aux collégiens la gravité des violences faites aux femmes apparaît essentiel pour instaurer une nouvelle approche du respect et de l'égalité femmes-hommes. Et sur le long terme, diminuer les violences sexuelles et sexistes.
Très engagé contre les violences faites aux femmes, le département de la Seine-Saint-Denis dispose d'un observatoire où une "convention Espace Rencontre Protégé" a récemment été signée entre le Département, la Préfecture de Seine-Saint-Denis, le Tribunal de Grande Instance de Bobigny, l'association La Sauvegarde 93 et la Caisse des allocations Familiales de Seine-Saint-Denis. Mis en place pour répondre au fléau des violences conjugales, ce dispositif consiste à organiser une rencontre avec les pères auteurs de violences, leur femme et leurs enfants dans un espace sécurisé. "Une cellule d'écoute pour les femmes employées du département va également s'ouvrir sous peu, rapporte le site du département, pour accueillir les femmes victimes de violences, les écouter et leur proposer des débouchés avec les partenaires adéquates".
Depuis 2009, l'Observatoire départemental des violences envers les femmes distribue également des téléphones portables d'alerte aux femmes exposées à un très grand danger. Délivré sur décision du Procureur de la République après évaluation du danger, il permet à la bénéficiaire de déclencher l'alerte auprès de Mondial Assistance qui relaie l'information aux services de police pour intervention. Selon les chiffres avancés sur le site du département, 363 situations ont été transmises au Parquet pour décision et 256 femmes ont été admises au dispositif par la Procureure. Au total, 391 enfants mineurs ont été concernés par la mise en protection de leur mère.
L'engagement du département est tel que Stéphane Troussel a également annoncé cette semaine lors d'une rencontre organisée à Bobigny, dans le cadre de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes du 25 novembre, qu'un collège de Seine-Saint-Denis porterait prochainement le nom de la féministe Françoise Héritier, disparue le 15 novembre dernier.
Selon le gouvernement, environ 225 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles chaque année de la part de leur conjoint. De même, environ 84 000 femmes sont victimes de viol ou de tentatives de viol en un an. Dans 91% des cas, ces agressions sont perpétrées par un proche de la victime. Dans 45 % des cas, c'est le conjoint ou l'ex-conjoint qui est l'auteur des faits.
En 2016, l'enquête "Violences et rapports de genre" (VIRAGE) menée par l'INED avait permis de mesurer le nombre de personnes ayant subi des violences sexuelles (viols, tentatives de viol, attouchements du sexe, des seins ou des fesses, baisers imposés par la force) au cours de leur vie : 14,5 % des femmes et 3,9 % des hommes âgés de 20 à 69 ans seraient concernés. Ce vendredi 24 novembre, les féministes Caroline de Haas, Clémentine Vagne, Madeline Da Silva, Fatima Benomar, Laure Salmona ont interpellé le président Emmanuel Macron pour réclamer (une nouvelle fois) la mise en place d'un plan d'urgence contre les violences sexuelles et sexistes. La mobilisation continue.