Elle est entrée dans le club très sélect des plus jeunes députés de l’Assemblée nationale. À 32 ans, Virginie Duby-Muller entame son premier mandat national en tant qu’élue de la 4e circonscription de Haute-Savoie, après une rude campagne électorale. Un « marathon » pour cette jeune maman, pourtant déjà habituée des luttes politiques. Engagée jeune, encartée dès 18 ans au RPR de l’époque, cette femme blonde et dynamique a à cœur de défendre les valeurs qui lui parlent comme le triptyque « travail, mérite, liberté ». Marquée par la défaite de Nicolas Sarkozy en mai dernier, elle est néanmoins « fière » d’intégrer la nouvelle opposition parlementaire et de figurer parmi les 155 femmes députées de la nouvelle Assemblée (sur un total de 577 membres). « Être dans l’opposition pour un premier mandat, cela ajoute du challenge », sourit-elle.
Son engagement, elle dit le tenir des femmes de sa famille : « Ma grand-mère était conseillère municipale dans ma commune et sage-femme, une femme de caractère. Ma mère était également très engagée dans son travail. J’ai toujours eu pour modèle des femmes actives, qui m’ont poussée dans mes études et incitée à être indépendante », confie-t-elle. Elle fera donc ses études à Sciences-po Grenoble, avant de décrocher un DESS d’économiste d’entreprise. Après une expérience comme collaboratrice parlementaire à l’Assemblée, Claude Birraux, député de la 4e circonscription, la prend sous son aile. Elle travaillera 5 ans à ses côtés, avant de devenir sa suppléante en 2008 lorsqu’il est élu au Conseil général. Puis en 2009, elle se présente aux élections régionales, où elle échoue.
Arrive alors la campagne de 2012 : son mentor lui passe le relais, assurant « le renouvellement avec un vrai changement de génération et la parité ». S’engage une campagne qui « n’est pas de tout repos ». « Pour la première fois, je menais une campagne en mon nom », se souvient-elle. Visites de terrain, porte-à-porte, réunions publiques, marchés : elle enchaîne pendant plusieurs mois les passages obligés de tout marathon législatif. « C’était une épreuve de longue durée tant d’un point de vue physique que psychologique, de six heures à minuit tous les jours », raconte-t-elle. D’autant plus « qu’en tant que jeune, en tant que femme, vos adversaires ne vous épargnent pas. J’ai eu des attaques personnelles assez dures, du fait notamment que je sois une jeune maman. "Elle préfère sa carrière à son rôle de mère", ai-je pu entendre. Le genre d’attaque que l’on n’aurait jamais fait à un homme ». Virginie Duby-Muller ne se laisse pas démonter et malgré la vague rose qui parcourt la France lors de ces élections, elle est élue avec 55,50% des suffrages. Les résultats tombent le dimanche soir, elle doit être à Paris dès le lendemain. « À peine le temps de savourer la victoire qu’on est déjà dans la course du mandat », sourit l’élue.
La rentrée des classes officielle des députés a lieu le mardi 19 juin : « On m’a remis ma mallette parlementaire, puis je me suis inscrite au groupe et ai enchaîné sur toutes les démarches administratives ». Sa première entrée dans l’Hémicycle ? « J’ai ressenti beaucoup d’émotion et de fierté. C’est très impressionnant : on pense aux personnalités historiques qui ont siégé avant vous dans ce lieu chargé d’histoire », raconte-t-elle. D’autant plus que Virginie Duby-Muller a droit à un traitement d’exception : comme les 5 autres députés les plus jeunes de l’Assemblée, elle parcourt le trajet depuis l’hôtel de Lassay jusqu’au Palais Bourbon entourée par la garde républicaine et guidée par le doyen de l’Assemblée. Accueillie par les « anciens », elle a tout de suite apprécié « l’esprit de famille » qui règne sur les bancs de l’Assemblée, côté UMP. Entre députés, c’est la règle, on se tutoie. « Cela a été difficile au début, surtout face à d’anciens ministres voire Premier ministre ! ». Quant aux femmes, elles ont réservé aux nouvelles arrivantes un accueil particulièrement chaleureux, « ravies de voir la relève arriver ».
Depuis, l’emploi du temps de la primo-députée s’est organisé. « Je me suis imposé d’être à Paris les mardi et mercredi de façon incompressible. Le reste de la semaine je rencontre les gens qui le souhaitent à mon bureau parlementaire à Paris ou à ma permanence à Annemasse, travaille sur les dossiers en cours, participe aux différentes manifestations, inaugurations… », énumère-t-elle. Certains rendez-vous sont immuables : « chaque mardi j’assiste à la réunion de groupe de 11h15 présidée par Christian Jacob. Nous y faisons le point à la fois sur les textes en cours, les questions qui vont être posées au gouvernement, l’actualité en général… » Les thèmes qu’elle veut défendre dans l’hémicycle ? « Les problématiques frontalières, la défense des classes moyennes, la parité… » : difficile de choisir, même si elle est consciente qu’elle ne « peut pas intervenir sur tout ». Pour l’heure, elle a été désignée sur une mission d’information dans la commission culture et éducation pour se « pencher sur la question de l’emploi dans les métiers de la culture ». Mais sa priorité est de s’investir dans une « opposition constructive ».
Entre allers-retours à Paris, réunions tardives, dossiers à potasser dans le train le mercredi soir et son rôle au sein de la délégation Droits des femmes, Virginie Duby-Muller le confesse, il est « difficile de concilier vie professionnelle et familiale ». « L’organisation au quotidien n’est pas évidente, j’ai la chance heureusement d’avoir une nourrice qui m’aide pour ma petite fille de 8 mois et mon mari qui m’a toujours épaulée », se réjouit-elle.
Et alors que les premières semaines de la nouvelle Assemblée ont été marquées par des remarques sexistes à répétition – sur la robe de Cécile Duflot, les chaussures de Rachida Dati ou encore le rôle de « pot de fleur » de Fleur Pellerin – Mme Duby-Muller se veut optimiste. « J’ai l’impression que le fait qu’il y ait de plus en plus de femmes au sein de l’Assemblée va faire changer les choses », et d’ironiser « il n’y a pas que dans l’Hémicycle qu’il y a des remarques machistes, à cet égard, l’Assemblée est représentative de la France »… Les mentalités évoluent, petit à petit, mais l’élue admet qu’en tant que femme, on doit encore « faire ses preuves un peu plus ». Ce qui ne l’empêche pas de balayer du revers de la main ceux qui l’attendent au tournant : « Je suis une femme certes, mais je ne veux pas être un alibi à la parité. Ce que je revendiquais avant tout durant ma campagne c’étaient mes connaissances, mes compétences, mon expérience ». Et elle entend bien se faire sa place en tant que telle.
Le site de Virginie Duby-Muller
Crédit photo : Marion Roucheux
Législatives 2012 : où sont les femmes ?
Parité aux législatives 2012 : les femmes sont sous-représentées
Législatives 2012 : plus de 70% d'hommes aux candidatures UMP