En France, le nombre d'animaux domestiques est en perpétuelle augmentation. Alors qu'en 2011, ils étaient 61,6 millions à squatter nos foyers, deux ans plus tard, on en dénombrait 63 millions. Les Français sont tellement attachés à leurs compagnons à quatre pattes qu'ils sont prêts à investir beaucoup d'argent dans les soins. Ainsi, les dépenses chez le vétérinaire ont augmenté de 72% sur les quinze dernières années. Aux Etats-Unis, une étude menée en 2011 démontre même que 90% des propriétaires d'animaux de compagnie considèrent leurs bêtes comme des membres de leur famille. Et qui dit membre de la famille, dit aussi énormément d'amour et d'empathie. A force de considérer nos chiens et nos chats comme des personnes à part entière, sont-ils en train de devenir plus importants à nos yeux que les autres êtres humains ?
Deux faits divers survenus le même jour de juillet 2014 en Idaho (Etats-Unis) ont inspiré des chercheurs dans ce sens. La première histoire est celle de Craig Jones, un homme qui s'était arrêté dans un restaurant pour déjeuner, laissant son chien, Arfee, dans sa voiture. Les fenêtres du véhicule étaient partiellement ouvertes et le chien ne risquait rien. Mais ses aboiements ont dérangé un voisin qui a alors alerté la police. Dépêché sur place, un officier a tué le chien en lui tirant dessus.
L'autre fait divers s'est déroulé à quelques kilomètres du premier. Jeanetta Riley, une femme enceinte mère de deux enfants, a été tuée par des policiers parce qu'elle brandissait un couteau dans leur direction. Sous l'emprise de l'alcool et incohérente, la jeune femme se tenait à plusieurs mètres de distance d'eux. Pourquoi ces derniers n'ont pas choisi d'utiliser un Taser ? Mystère, mystère. Mais au final, l'histoire de Jeanetta Riley a peu fait parler tandis que celle de Craig Jones et son chien Arfee a soulevé une vague d'indignation. L'homme a même reçu des excuses publiques de la part de la police et 80 000 dollars de dédommagement.
Les gens seraient-ils donc plus sensibles à la détresse des animaux ? Deux sociologistes de l'université Northeastern ont réalisé une étude auprès de leurs étudiants pour en avoir le coeur net.
Arnold Arluke, un chercheur spécialisé dans les relations humain-animal, et Jack Levin, un expert dans les domaines du crime et des meurtres de masses, ont ainsi fait lire à leurs étudiants des faits divers sordides montés de toute pièce mettant en scène à chaque fois différentes victimes : un adulte, un enfant, un chiot, et un chien adulte. Leur but : savoir pour quelles victimes les étudiants allaient ressentir le plus d'empathie et de détresse émotionnelle. Résultat, l'enfant arrive en premier, suivi de près par le chiot, puis le chien, tandis que l'adulte se place en dernière position. Pour les chercheurs, ce résultat démontre que nous nous sentons plus concernés par le sort des êtres innocents et sans défense.
Une autre étude menée à l'université Regents en Géorgie révèle que nous montrons encore plus d'empathie quand l'animal en danger est le nôtre. Des chercheurs ont ainsi demandé à 573 personnes qui elles choisiraient de sauver si un bus fonçait sur leur animal de compagnie et un total inconnu. Au final, 40% d'entre elles ont affirmé qu'elles choisiraient de sauver leur animal.
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Aujourd'hui, la plupart des scientifiques s'accordent à dire que les animaux possèdent la capacité à ressentir des émotions. En France, un amendement passé en 2014 leur donne même la qualité "d'êtres vivants doués de sensibilité" alors qu'ils étaient auparavant considérés comme des "biens meubles" par le Code civil. Mais comme le rapporte Bustle, qui emprunte les mots du célèbre activiste pour le droits des animaux, Peter Singer, la question n'est pas de savoir si les animaux peuvent raisonner, mais plutôt s'ils peuvent souffrir.
La réponse étant "oui", les êtres humains ne seraient-ils donc pas légèrement hypocrites ? Car si notre empathie est directement dirigée vers les animaux de compagnie et ceux que l'on juge "beaux", qu'en est-il des autres ? Le psychologiste Halm Herzog explique à Bustle :
"Nous partageons la planète avec environ 40 000 espèces d'animaux vertébrés mais nous nous sentons seulement concernés par le sort de quelques espèces en particulier. Vous savez : les bébés phoques et leurs yeux immenses, les éléphants du cirque, les chimpanzés, les orques enfermées dans les parcs d'attraction etc. Et même si nous adorons nos animaux, nous ne nous soucions jamais des 24 chevaux qui meurent chaque semaine sur les champs de courses américains. Sans parler des neuf milliards de poulets broyés chaque année et qui sont consommés dans l'indifférence générale. Le philosophe environnementaliste Chris Diehm résume très bien la chose en parlant du 'paradoxe des chats dans nos foyers et des vaches dans nos assiettes'". A méditer.
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