C'est une scène qui malheureusement, n'est pas isolée dans la sphère politique. Après Pauline Rapilly-Ferniot en février dernier, c'est au tour de l'élue écologiste Marine Tondelier de faire les frais d'un paternalisme évident, cette fois-ci de la part de Xavier Bertrand, candidat à la primaire de la droite et président de la région des Hauts-de-France.
Alors qu'elle s'exprimait sur un amendement à un texte de loi, demandant qu'aux paroles suivent des actes, Marine Tondelier a été interrompue par l'ex-ministre. Celui-ci lui a reproché de tenir des propos "ironiques". "S'il y a besoin de calmer les esprits je vais suspendre pendant 5 minutes, moi je n'ai pas de problèmes", a lâché Xavier Bertrand sur un ton particulièrement condescendant, mentionnant son expérience de "très nombreuses assemblées".
Une femme donne son avis, il diffère de celui d'un homme : ce dernier lui demande de "se calmer", sous-entendu que son désaccord n'émane pas d'un raisonnement construit, mais plutôt d'un excès de colère. Un mécanisme de silenciation et d'infantilisation emprunt de sexisme malheureusement classique.
Dans les rangs de la gauche, l'élu Génération·s Benjamin Lucas a alors pris la parole, en soutien à sa collègue, se désolidarisant par la même occasion d'une connivence masculine qui a tendance à planer dans les milieux de pouvoir.
"Si nous disposions de 5 minutes j'aurais pu vous expliquer ce qu'est le mansplaining, la capacité à interrompre une femme lorsqu'elle s'exprime. Je trouve qu'il est assez irrespectueux de l'opposition et d'une élue dans cette assemblée de l'interrompre quand elle a entamé son propos. Être le président, faire la police de l'Assemblée ne permet pas tout, Monsieur Bertrand".
Et de rappeler quelques règles de base : "Quand Madame Tondelier s'exprime, ses propos ont le droit de vous déplaire, ils peuvent même vous choquer, vous agacer, vous pouvez être contre (...) mais permettez que sur les deux pauvres minutes que vous accordez à votre opposition pour qu'elle puisse exprimer un point de vue Madame Tondelier (...) ne soit pas interrompue comme vous l'avez fait, avec beaucoup de mépris et beaucoup d'arrogance".
Tout est dit. Reste à espérer que la prochaine fois, Marine Tondelier puisse le formuler elle-même.