Les faits remontent à 2010, mais les témoignages d'escort girls ont été enregistrés fin 2011, par la police française puis la police belge. Marie-Anne S. 25 ans, et Aurélie D. 26 ans au moment des faits, étaient rémunérées pour accompagner trois notables lillois dans un voyage à Washington en décembre 2010, organisé comme une visite professionnelle à Dominique Strauss-Kahn, alors patron du FMI. La première jeune femme affirme que dans la soirée du 16 décembre à l’Hôtel W, DSK aurait « utilisé la force » contre elle, « c’est-à-dire qu’il me tenait les mains. Il me tirait les cheveux, il m’a fait mal. Je pèse 50 kilos, lui est plus lourd ». Elle affirme ensuite avoir dû se débattre pour refuser une sodomie : « J’ai refusé en lui disant non, je ne veux pas. J’ai essayé de me dégager mais c’était compliqué car il était sur moi et il est très lourd (…) Certes, je n’ai pas hurlé, mais j’ai dit clairement que je ne voulais pas, à plusieurs reprises à haute voix. » Son amie, présente dans la chambre avec les trois nordistes -David Roquet, Fabrice Paszkowski et Jean-Christophe Lagarde - dit ne pas l’avoir entendue dire « non », mais avoir tout de même remarqué « que ça ne lui plaisait pas » et « dit à DSK d’arrêter », sans succès. Quant aux autres protagonistes, ils ne se sont pas interposés. David Roquet, patron d’une filiale de BTP du Nord, aurait même tenu les mains de la jeune fille.
Ces éléments de procès-verbal ont été transmis par les juges d’instruction au Parquet de Lille le 28 mars. Le procureur devra se prononcer sur la qualification des faits. Une enquête préliminaire pourrait être ouverte pour soupçons de « viol en réunion », mais dans la mesure où les deux jeunes femmes n’ont pas prévu de porter plainte, il se peut que le procureur ne fasse pas d’ajout dans l’enquête déjà ouverte pour « proxénétisme, abus de biens sociaux, escroquerie et blanchiment ».
Un « pauvre type »
Si Marie-Anne S. n’envisage pas de poursuivre DSK, elle le croit « capable d’avoir été violent avec d’autres », et se souvient d’avoir pensé de lui qu’il était un « pauvre type, car il ne savait pas respecter l’autre ». Aurélie D. estime pour sa part qu’elle a pu ne pas entendre les refus de son amie, car « à ce moment-là », elle était « un peu occupée ». « Il est vrai que DSK aimait bien s’attaquer aux petites nouvelles », raconte-t-elle, avant d’ajouter « il fallait lui dire un non très ferme et pas un non plaintif qui avait plutôt tendance à l’exciter ».
« Témoignages contradictoires »
Alors que la plainte au civil de Nafissatou Diallo pour agression sexuelle semble prise au sérieux par les juges de New York, le juge McKeon ayant rejeté l’argument de l’immunité absolue avancé par les avocats de DSK, l’intéressé a réagi par l’envoi d’un communiqué vendredi matin. Il conteste avoir commis « la moindre violence de quelque nature qu’elle soit ». Lors de son audition le 26 mars dernier, DSK avait également nié être au courant que ces relations sexuelles étaient tarifées. Mensonge, si l’on en croit le témoignage de Marie-Anne S. Les avocats parisiens de DSK dénoncent pour leur part des « témoignages contradictoires ».
Crédit photo : AFP
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