Devenue le feuilleton politique de la rentrée, l'affaire Quatennens ébranle la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES). Faire bloc derrière Jean-Luc Mélenchon, se taire ou prendre ses distances ? La députée insoumise Clémentine Autain a tranché : elle ne cautionne pas les propos du fondateur de LFI, qui défend son poulain coûte que coûte.
Depuis la divulgation d'une main courante par le Canard Enchaîné mi-septembre, déposée par son épouse, Céline Quatennens (avec qui le député est en instance de divorce), l'affaire a plongé la France insoumise dans un franc embarras. Suite à ces révélations, le député du nord a admis avoir violentée sa femme, notamment l'avoir giflée, et s'était mis en retrait de ses fonctions de coordinateur du parti. Céline Quatennens a depuis porté plainte.
Alors qu'un communiqué avait été rédigé collégialement par LFI,Jean-Luc Mélenchon avait rapidement réagi sur Twitter : "La malveillance policière, le voyeurisme médiatique, les réseaux sociaux se sont invités dans le divorce conflictuel d'Adrien et Céline Quatennens", écrivait-il alors. "Adrien décide de tout prendre sur lui. Je salue sa dignité et son courage. Je lui dis ma confiance et mon affection", avait-il poursuivi.
Cette réaction avait provoqué un tollé, notamment auprès des militants LFI eux-mêmes, déçus par le positionnement d'un homme à la tête d'un parti prétendant défendre des idées féministes.
Interrogé à nouveau fin septembre par Quotidien sur ses positions, Jean-Luc Mélenchon avait enfoncé le clou, maintenant ses propos et créant un véritable malaise au sein de la FI. "Je pèse mes mots tout le temps", avait-il répondu, alors qu'il était interrogé sur les possibles regrets qu'il nourrirait après son tweet.
Ce dimanche 9 octobre encore, l'ancien candidat à l'élection présidentielle de 2022 a estimé sur le plateau de France 3 qu'Adrien Quatennens était victime d'un "lynchage" et d'une "sorte de répétition de gifles politiques qui lui sont données du matin au soir", ajoutant que "ce n'est pas un violent parce qu'il a été violent une fois il y a de cela plus d'un an", exprimant son souhait de voir Adrien Quatennens revenir à l'Assemblée nationale.
La goutte d'eau pour sa collègue Clémentine Autain, qui a décidé pour sa part de briser le silence et de se désolidariser des propos du leader insoumis. Invitée sur le plateau de BFMTV ce 9 octobre, la députée a ainsi déclaré : "Je ne partage pas les mots employés aujourd'hui par Jean-Luc Mélenchon. [...] Je ne suis pas d'accord avec la façon dont il prend cette histoire-là qui, à mon sens, mérite d'essayer d'être comprise du point de vue du combat que nous menons, c'est-à-dire la lutte contre les violences faites aux femmes". Un combat qu'elle affirme avoir "chevillé au corps".
Quant au retour potentiel d'Adrien Quatennens à l'Assemblée nationale, que Jean-Luc Mélenchon appelle donc de ses voeux, Clémentine Autain dit qu'il ne serait "pas d'actualité".
"Je me félicite qu'aujourd'hui, quand un député dit avoir giflé sa femme et, probablement, envoyé 'trop de SMS' comme il le dit, et qu'il y a deux mains courantes et une plainte, je trouve positif que dans la société, ça ne passe pas comme une lettre à la poste, parce que nous avons changé d'époque. Nous avons changé d'époque parce qu'il y a eu cette vague #MeToo".
Clémentine Autain reconnaît être en désaccord avec Jean-Luc Mélenchon (parole assez rare pour être soulignée) sur ce point, mais espère que LFI pourra "sortir de tout ça par le haut". On attend.