En Afghanistan, les sages-femmes sont menacées par les guerriers talibans, de retour au pouvoir depuis août, et forcées de fuir le pays. C'est ce que rapporte un accablant reportage du Guardian, notamment par la voix de Zahra Mirzaei, présidente de l'Association des sages-femmes afghanes, qui a dû quitter Kaboul avant d'être secourue par les troupes américaines. "Nous ne nous attendions pas à ce que la situation dégénère si rapidement", raconte-t-elle. Et ce dans un contexte déjà dramatique.
Comme le relève le journal britannique, il y a eu 119 attaques de groupes terroristes contre des établissements de santé en Afghanistan en 2019, puis, en mai 2020, un massacre tragique à la maternité de l'hôpital Dasht-e-Barchi. "Une sage-femme a été tuée parce qu'elle refusait de laisser une femme seule lors de son accouchement. Un homme armé est entré et les a tuése", témoigne Zahra Mirzaei.
Avec la reprise du pouvoir des talibans, la situation est critique. "Ce que nous demandons aujourd'hui aux talibans, c'est de nous garantir un espace sécurisé pour permettre aux femmes de servir d'autres femmes. Je fais ce travail, parce que je suis animée de valeurs humanistes vis-à-vis de ma communauté et de ceux que la société opprime le plus : les femmes et les enfants", explique à l'AFP Shafiqa Bironi, enseignante d'une école pour sages-femmes.
Si comme l'énonce France 24, le nouveau régime taliban semble n'avoir pas encore statué sur la présence de femmes dans les professions médicales, leurs conditions de vie n'en sont pas moins déplorables. Les écoles de sage-femmes souffrent d'un manque de financement. Et l'Afghanistan aurait encore l'un des taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde : 638 femmes meurent chaque année pendent leur accouchement et un enfant sur 17 meurt avant l'âge de cinq ans.
Il n'est pas rare, développe Zahra Mirzaei, que les afghanes "bénéficient de soins indignes et de mauvaise qualité dans des hôpitaux mal dotés en personnel".
Un état des lieux d'autant plus alarmant alors que de nombreux centres de maternité ont fermé après la prise de contrôle des talibans. Au sein de ceux qui restent ouverts, les membres du personnel "restent trop craintifs" pour aller travailler, rapporte le Guardian. Certaines sages-femmes ont même déjà été interrogées par les talibans, qui les répriment pour leur absence de tuteur. Le Fonds des Nations Unies pour la population a estimé que si cette situation n'évoluait pas rapidement, il pourrait y avoir 51 000 décès maternels supplémentaires d'ici 2025.