"Une scène d'une rare violence", "Des images atroces". Voici comment les médias marocains décrivent l'expérience traumatisante vécue par une jeune adolescente marocaine. Une vidéo d'une minute a été diffusée sur Facebook mardi 27 mars, dans laquelle on voit l'adolescente se faire violemment agressée par un homme. Plaquée à terre, la jeune femme semble incapable de bouger. Son agresseur lui baisse le pantalon et commence à toucher ses parties intimes. La jeune femme s'écrie : "N'as-tu pas de soeur ?", en essayant tant bien que mal de repousser son agresseur.
À aucun moment, la personne qui filme la scène n'intervient pour porter secours à la jeune femme. Sur les images, aucun indice ne permet de déterminer l'heure ou le lieu de l'agression. La vidéo a suscité une puissante vague d'indignation dans le royaume. "Une enquête est en cours pour identifier l'auteur et déterminer l'heure et le lieu où cet acte criminel a été commis", a assuré la Direction générale de la sûreté a indiqué la police marocaine qui a lancé une enquête.
Malheureusement, cette histoire sordide n'est pas précédent. En août dernier, une vidéo diffusée sur Internet d'un viol collectif subi par une jeune femme dans un bus de Casablanca en plein jour avait indigné la toile. Insoutenables, les images montrent une bande de garçons s'en prenant à une jeune femme. La scène se déroule dans un bus à Casablanca, en plein jour. Indigné, le Maroc a témoigné son soutien sur les réseaux sociaux. Les autorités marocaines avaient indiqué que la victime, âgée de 24 ans, n'avait pas porté plainte. Cette annonce n'avait pas manqué de déclencher la réaction de l'association Touche pas à mon enfant, qui a décidé de lancer un appel à témoin sur Facebook pour traduire en justice "cette horde barbare qui s'est attaquée lâchement à une jeune fille".
Selon les chiffres officiels du royaume, deux Marocaines sur trois sont victimes de violences. "Que ce soit dans le bus, dans la rue ou même dans un souk plein de monde, on subit des attouchements, des insultes. Les hommes ouvrent leur braguette, collent leur sexe au dos des femmes et vont jusqu'à éjaculer sur nous. En plein espace public ! On a beau porter une djellaba large et un foulard, malgré la chaleur estivale, les hommes s'en prennent à nous." Autour de ces agressions, les témoins restent silencieux. "Ils lèvent les yeux au ciel, font semblant de ne pas voir. Les chauffeurs de bus n'interviennent jamais", confiait la Marocaine Wafae, 22 ans, au journal Le Monde en août dernier.
Mi-février 2018, le parlement marocain a définitivement adopté une loi contre les violences faites aux femmes, qui incrimine pour la première fois "certains actes considérés comme des formes de harcèlement, d'agression, d'exploitation sexuelle ou de mauvais traitement". Le texte a toutefois été jugé "insuffisant" par les mouvements de défense des droits des femmes, qui appellent à plus de fermeté face à ce fléau.