Le grand combat de Ben Bradley ? Que les hommes soient "tout aussi protégés que les femmes, les gays et les noirs", assure-t-il noir sur blanc. Une certaine idée de l'"engagement" s'il en est. Au Parlement britannique, le jeune député conservateur a fait gloser l'audience en suggérant sans sourciller la création d'un "ministère des hommes". Oui, dit comme ça, on ne voit guère la différence avec un ministère traditionnel.
A l'occasion de la Journée Internationale des Hommes (oui, ça existe aussi) le 19 novembre dernier, le politicien a plus encore affirmé défendre une notion "d'égalité" qui irait à l'encontre "d'une discrimination positive assénée aux dépens de certains groupes". Voilà qui fait rêver.
"Pourquoi avoir un ministre pour les femmes mais pas pour les hommes ?", développe encore le conservateur, critiquant une vision globale des hommes "perçus en oppresseurs plutôt qu'en role models". A l'écouter, les privilèges masculins et la masculinité toxique n'existent pas.
"On parle trop souvent des hommes comme d'un problème qui doit être rectifié. Trop régulièrement, la recherche constante d'égalité et de diversité engendre la dégringolade d'autrui plutôt que l'ascension de tout le monde", s'attriste-t-il enfin selon le Central Fife Times. Les male tears sont à leur paroxysme.
Autant vous dire que Ben Bradley a une vision plutôt singulière de l'égalité des sexes. Difficile de ne pas voir en ces mots une réaction révulsée aux dernières révolutions féministes. Révolutions qui, à l'instar des nouvelles mesures sur l'égalité, "aident tout le monde sauf les hommes et les garçons", dit-il, et moins encore les hommes "blancs" de la classe ouvrière, à en croire le député britannique. Ouvriers masculins et blancs qu'il affirme admirer, tout comme il semble vénérer les rôles patriarcaux traditionnels, celui "du père" en particulier.
"Pouvons-nous promouvoir davantage le rôle de la paternité ?", a-t-il poursuivi en ce sens sans manquer de fustiger au passage "l'establishment moderne" qui verrait du sexisme partout.
Si le discours du politicien prononcé au Parlement n'est pas dépourvu de vrais sujets mal développés (l'orateur y sensibilise son audience aux suicides des hommes), force est de constater que le niveau de "OK boomer" est très élevé. Quand Bradley s'attriste que les hommes ne puissent plus tenir la porte aux femmes, faire "des plaisanteries" ou faire du foot entre potes par exemple, évolution des mentalités qui à l'entendre ferait du mal "aux jeunes hommes". Rien de moins.
Mais alors que Bradley fustige "un rejet des questions relatives aux hommes", bien des voix sont là pour apporter un brin de nuance. Celle de la membre du Parti travailliste Jacqui Smith par exemple, qui tacle gentiment son interlocuteur : "Cher Ben, les hommes que je connais et que j'aime reconnaissent volontiers le sexisme institutionnel et le patriarcat. Ils souhaitent que leurs incidences sur les femmes soient combattus et pensent que les femmes ET les hommes bénéficieraient ainsi d'une société plus égalitaire", écrit-elle posément.
Une répartie très diplomate à cet excès de larmoyance.