« Cinq mois après votre nomination il ne se passe pas un jour sans qu’un dirigeant du PS ou pire un de vos ministres ne vous défie, ne vous conteste ou ne vous contredise en public », lance Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée, au Premier ministre socialiste Jean-Marc Ayrault. Au lendemain des cafouillages gouvernementaux sur la question du cannabis, l’opposition s’en donne à cœur joie et multiplie les critiques ouvertes au gouvernement. La passe d’arme est ainsi lancée, et durera quasiment toute la séance de questions au gouvernement, organisée mardi après-midi. Accusé de manquer d’autorité, M. Ayrault répond, sourire aux lèvres : « Je ne me sens pas du tout insulté par vos formules », avant de rétorquer à ses détracteurs : « chacun sait que vous êtes là dans l'opposition pas par hasard. Moi je ne suis pas Premier ministre par hasard, je suis Premier ministre parce que j'ai la confiance du président et de la majorité. Vous, vous avez été sanctionnés par le peuple français! ».
Loin de calmer l’atmosphère électrique dans l’Hémicycle, à chaque intervention d’un élu de la majorité, c’est un brouhaha permanent qui sourd dans l’Assemblée, des éclats de voix et interjections accueillant chaque nouvelle prise de parole socialiste. Jusqu’à ce que Jean-Marc Ayrault quitte l’Assemblée en pleine séance, suscitant des cris scandalisés de la part des députés de l’opposition, et autant de réactions enflammées sur Twitter. Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, doit menacer de suspendre la séance.
En TT (trend topic) à ce moment-là, le Hashtag #QAG (questions au gouvernement) rassemble de nombreux internautes qui estiment que le Premier ministre fuit ses responsabilités en refusant de répondre aux questions de l’opposition. Les appels à la démission fusent : « La France a besoin d'un Gouvernement qui gouverne et de la démission de Monsieur Peillon ! #QAG », tweete l’ancien ministre Xavier Bertrand, tandis que le twittos @JeanPoursines lance : « #QAG ... Ayrault doit démissionner s'il ne supporte pas les responsabilités qui lui incombent ! #AyraultDemission en TT».
D’autres en revanche se désolent de l’agressivité des députés UMP : « Les députés #UMP ont encore montré une image scandaleuse et pitoyable de la politique. Marre de ces roquets immatures. #QAG », déplore @cetteblague, tandis que @GuillaumeTC fait semblant de s’interroger : « Est-ce qu'on peut dire que les députés de l'opposition ont montré encore une fois une bien piètre image de la politique aujourd'hui ? #QAG ».
Ambiance de « cour d’école », comportement de « sales gosses » : dès la fin de la séance, les députés PS n’ont pas manqué d’adjectifs pour qualifier l’attitude de l’UMP à l’Assemblée. Si les éclats de voix et autres manifestations bruyantes font partie des règles implicites de l’Hémicycle, cette fois l’opposition a frappé fort. Leur objectif étant certainement de marquer le coup avec éclat, en appuyant là où ça fait mal avant le lancement des débats.
Voir la passe d'armes entre Christian Jacob et Jean-Marc Ayrault
Crédit photo : AFP
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