Si la connaissance par les femmes de leur propre corps, et plus précisément de leur sexe, est en constante amélioration, elle n'en demeure pas totalement acquise pour autant. D'après un rapport du Haut Conseil à l'égalité remis en juin 2016, une fille de 15 ans sur quatre ne sait pas qu'elle possède un clitoris, et 83 % des collégiennes de 3e et 4e en ignorent son rôle.
Chez trop de personnes dotées d'une vulve, en dessiner et en nommer les contours reste ainsi un parcours du combattant autour duquel de nombreuses activistes sexuelles ont décidé de militer, encourageant leurs semblables à s'observer, s'analyser, se toucher au plus près. Une façon, notamment, de lutter par la pratique contre de nombreux tabous nocifs.
Parmi les outils qui facilitent cet apprentissage nécessaire, il y a le "vulva mapping", ou la "cartographie de la vulve", si on traduit mot à mot. Une technique éducative qui consiste à fixer l'organe qui se situe entre nos jambes, et à retenir les termes qui en définissent chaque partie. Le capuchon, le clitoris, le vestibule, les petites et grandes lèvres : tout ce qui se trouve à l'extérieur du vagin - et qu'on a longtemps confondu avec ce dernier, d'ailleurs.
Afin d'y arriver, nombreuses sont les "cartes" postées en ligne. Des illustrations schématiques ou plus fidèles à la réalité qu'on peut dénicher sur les réseaux sociaux, et aussi des gros plans 100 % authentiques sur des mannequins qui en sont pourvues pour aider au mieux à visualiser. Sinon, reste le miroir et son modèle à soi. Et puis, ses doigts. Description d'un exercice à peaufiner avec assiduité.
Avant de donner quelques conseils concrets, on s'attarde sur les bienfaits d'une telle opération. Et il y en plusieurs. "Pendant trop longtemps, les organes génitaux féminins ont été entourés de honte et il y a eu très peu de conversations ouvertes à leur sujet, ce qui a aggravé le manque important de connaissances sur le corps féminin", déplore auprès de Shape Laurène Dorléac, fondatrice de la plateforme Climax, un outil numérique qui s'engage justement à résorber ces lacunes à coup de (chouettes) vidéos - et propose, entre autres, une série sur ce sujet précis.
"Comprendre sa propre anatomie, et notamment sa vulve, est une partie vraiment importante de l'amour de soi et de l'acceptation", poursuit-elle. Cela permet de réaliser que toutes les formes de l'organe sont normales, et que celui-ci change constamment. "Vous vous rendrez compte que votre vulve évolue tout au long de votre vie, à travers la puberté, les grossesses, les IST, la ménopause, etc...", explique l'experte. "[Celle] que vous avez dans votre vingtaine n'est pas la même que celle que vous avez dans votre trentaine, votre quarantaine, etc. Elle est en constante évolution."
C'est également la garantie d'une meilleure santé sexuelle, puisque cela nous aide à identifier certaines anomalies (IST, MST ou infections en tout genre) qui peuvent requérir une consultation rapides.
Et puis, un plus grand savoir est aussi synonyme d'un meilleur plaisir sexuel, "car lorsque l'on sait quelles parties de son corps nous font du bien, il est plus facile de comprendre ce qui nous excite ou nous désexcite, ce qui mène à atteindre facilement l'orgasme". Mais aussi à décrire plus clairement à notre partenaire les zones qui nous font de l'effet, ou encore à profiter de ce moment privilégier avec soi pour s'essayer aux joies de la masturbation méditative.
Autant d'arguments qui finissent de nous convaincre de passer à l'acte. Seulement, par où commencer, exactement ?
Rien de plus simple. Comme on le précisait plus haut, il y a deux écoles : le vrai ou l'imagé, selon ce qui nous met le plus à l'aise. C'est tout à fait OK de ne pas vouloir voir la vulve d'une autre personne en gros plan, ni la sienne pour le moment, l'important étant de bosser sur l'amour - ou pour citer Laurène Dorléac, "l'acceptation" - qu'on lui porte. A elle et plus généralement, à son corps.
On peut donc choisir de se regarder dans un miroir en suivant un schéma détaillé et annoté sur son téléphone, puis de nommer, toucher, scruter chaque parcelle de son sexe. On peut encore décider de garder sa culotte et de voir quelqu'un d'autre se mettre à nu pour s'atteler au même exercice, notamment sur les vidéos signées Climax qui insistent sur la "diversité des vulves". Ou alors se contenter des nombreuses illustrations qui figurent en ligne. Des dessins qui ne sont pas si éloignés de ceux qu'on aurait pu trouver dans nos manuels d'SVT, si plus de cinq manuels sur sept (un seul en 2017) représentaient correctement le sexe féminin.
Ce qu'il faut garder en tête, c'est que rien dans cette expérience n'est anormale. Et si une sensation de "bizarrerie" ou de "dégoût" vous parcourt, ne culpabilisez pas, mais essayez plutôt de déconstruire cette pensée. De vous demander pourquoi vous liez quasi inconsciemment et automatiquement cette partie de votre anatomie à quelque chose de sale ou d'interdit, et de trouver le coupable d'une telle association : la société et le boulot monumental qu'elle a fourni pour que tout ce qui touche à notre plaisir devienne tabou.
Aujourd'hui, il est grand temps que tout cela change pour de bon. Et ça commence par une petite observation perso. Alors, après vous.