"Chères filles, chères dames, réfléchissez à vos protections". Impossible d'oublier les mots de Laurence. L'espace d'un post Facebook abondamment relayé, cette mère de famille avait alerté son audience quant aux conséquences de cette "menace invisible" qu'est le syndrome du choc toxique, cette pathologie féminine dont est morte sa fille Maëlle, 17 ans. Maëlle était une "grande sportive, pleine de vie et de projets". Et elle est morte d'une infection, causée par un tampon.
C'est pour cela que l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a relayé un rapport destiné aux professionnels de la santé et aux utilisatrices. Un texte de prévention qui insiste notamment sur l'importance "de respecter les règles d'hygiène liées à l'utilisation des protections périodiques internes" et met en avant le nom de cette pathologie qui - rappelons-le - se développe sous l'effet des toxines libérées par une bactérie, la souche du staphylocoque doré.
En France, le taux d'utilisatrices de tampons à en avoir souffert n'a rien d'anecdotique : pas moins de 24 cas observés en 2017. Et le décès de la jeune Maëlle incite ces utilisatrices à prendre la parole.
C'est d'ailleurs pour cela que Sandrine, 36 ans, s'est exprimée. Sandrine a également souffert du fameux "SCT" (ou "choc menstruel"). Suite à une infection causée par une cup menstruelle, cette infirmière a été amputée de ses deux pieds et d'une partie des doigts de ses mains. Au total, on a du lui couper dix-huit phalanges. Dans les pages du Parisien, elle revient sur son expérience. Sandrine n'a fait que garder sa cup sur elle, le temps d'un dîner, quelques heures durant, relate-t-elle. Mais rapidement, elle s'est mise à éprouver des douleurs, de plus en plus vives, au niveau du ventre. Le lendemain, sa tension avait terriblement baissé. La toxine à l'origine du choc n'a pas tardé à faire effet sur ses organes internes. Ses reins, ses poumons, son foie...
Suite à son opération en juin dernier, Sandrine a passé trois semaines au service de réanimation. Aujourd'hui, l'infirmière doit encore suivre des séances de rééducation. Et ne souhaite qu'une chose : que les utilisatrices soient mieux informées et protégées. Ce qui implique de revoir avec minutie les notices d'utilisation des protections menstruelles.
"Les informations que l'on nous donne varient. Prenez les cups, selon le fabriquant, il est écrit sur les notices que l'on peut les garder 4, 6, 8 ou 12 heures ! Comment on s'y retrouve là-dedans ?", s'indigne-t-elle dans les pages du Parisien.
Un problème majeur. Car comme le raconte le biologiste médical Gérard Lina à LCI, "le staphylocoque doré est une bactérie qui normalement n'est pas dangereuse, mais porter un tampon de manière prolongée peut la 'bloquer' au niveau du vagin, alors elle se multiplie et produit des toxines dangereuses". On l'a donc compris, mieux informer les femmes, c'est capital. Et cela, Sandrine ne cesse de le clamer. Sur la page Facebook de son association Dans Mes Baskets, la trentenaire n'hésite pas à nuancer ce qui s'écrit sur cette pathologie trop incomprise. Oui, elle peut se déclarer avec une coupe menstruelle, et pas simplement avec un tampon. Et peu importe sa qualité. Et si, même avec une "bonne hygiène", il y a des risques. Elle en est la preuve vivante.
Sur Twitter, son témoignage a suscité de vive réactions. Mais aussi des débats. Certaines internautes n'hésitent ainsi pas à rappeler les alternatives aux cup et aux tampons, comme "les sous-vêtements de règles et le flux instinctif libre". Le rapport de l'Agence, quant à lui, alerte les fabricants de protections menstruelles quant à la nécessité "d'améliorer la qualité de [leurs] produits afin d'éliminer ou de réduire au maximum la présence des substances chimiques". Tout en recommandant aux utilisatrices d'utiliser "une protection adaptée à [leur] flux".
Quels sont les conseils de base pour éviter ce choc toxique ? Se laver les mains au savon avant d'insérer ou de retirer un tampon ou une coupe menstruelle, en changer toutes les 4 à 8 heures et éviter d'en porter la nuit, ou encore n'utiliser un tampon que pendant une partie de la journée en alternant l'utilisation des tampons et des serviettes hygiéniques.
Sandrine, de son côté, ne peut s'empêcher d'avoir encore à l'esprit "la souffrance endurée par la famille de [la jeune Maëlle] mais aussi aux familles des autres femmes qui n'ont pas survécu au choc toxique". Aujourd'hui, l'infirmière pense "à toutes celles qui s'en sont sorties indemnes, mais traumatisées, à toutes celles qui comme moi y ont laissé des doigts, des mains, des bras, des pieds ou des jambes", s'attriste-t-elle sur Facebook.
Et Sandrine d'ajouter sur sa page : "Mourir parce qu'on a nos règles me paraît toujours aussi fou". Elle n'est pas la seule à le penser.