Le syndrome du choc toxique menstruel est certes peu recensé mais toujours bien réel - et surtout très grave. En 2017, pas moins de 23 femmes ont été touchées en France, contre 5 en 2004. Si la sensibilisation autour de cette infection bactérienne a pris de l'ampleur ces dernières années, notamment grâce au documentaire Tampons : notre ennemi intime diffusé sur France 5 en avril 2017 et au témoignage de plusieurs femmes atteintes, il reste crucial de continuer à en parler. Et de faire un rappel précis sur une condition traumatique, pour qu'on ne passe pas les 25 prochaines années à flipper plus que de raison pendant nos règles.
Il s'agit d'une infection bactérienne liée à la présence du staphylocoque doré dans notre organisme. Comment se déclare-t-elle ? C'est simple. Il faut d'abord être porteuse dudit staphylocoque doré, une bactérie présente de manière temporaire ou permanente chez 30 à 40 % de la population (elle se situe au niveau du nez, de la peau, de la gorge ou parfois du vagin), et de la toxine TSST-1, ce qui réduit l'estimation à 1 % des femmes.
Elle est normalement peu dangereuse mais peut se transformer et se déployer, notamment lors du port trop prolongé d'une protection que l'on place à l'intérieur de son sexe (un tampon ou une coupe menstruelle). Infecté, le staphylocoque doré dégage alors des toxines nocives dans le sang, et dans plusieurs organes vitaux : poumon, reins, foie.
Ce qu'il faut en déduire, c'est que les femmes qui n'ont pas de staphylocoque doré à l'origine ne peuvent pas souffrir du SCT, le tampon ou la coupe n'en sont donc pas responsables, mais ils le déclenchent et leur utilisation doit donc être surveillée.
Lorsque l'infection est contractée, les premiers symptômes se manifestent rapidement, mais ne sont pas toujours identifiables comme provenant du SCT. Le Dr Gérard Lina, biologiste au CHU de Lyon, explique d'ailleurs lors d'un entretien avec LCI que "les symptômes du syndrome du choc toxique peuvent se confondre avec ceux de la gastro-entérite".
Fatigue extrême, confusion, maux de tête, étourdissements, diarrhées, fièvre et aussi hypotension. Leur présence, couplée à celle du port d'un tampon, est extrêmement alarmante est nécessite une consultation médicale immédiate.
Dans de très rares cas, le syndrome du choc toxique conduit à l'amputation d'un membre, voire au décès - l'infection bactérienne qui atteint la circulation sanguine pouvant mener à la nécrose et ainsi à la mort prématurée de cellules dans le tissu vivant.
La mannequin américaine Lauren Wasser a longuement témoigné sur le sujet, elle-même amputée des deux jambes suite à un SCT menstruel et à ses complications. Elle confiait notamment au magazine InStyle que "c'est inévitable, je ne peux rien y changer. Par contre, ce que je peux faire, c'est empêcher que cela arrive aux autres.". Depuis, elle milite pour une législation sur le sujet et davantage de mesures prises pour que les protections hygiéniques ne provoquent plus ce danger, comme elle l'explique ci-dessous.
Si les protections intravaginales ne sont pas la cause mais plutôt un déclencheur potentiel du SCT menstruel, il faut tout de même prendre des précautions lorsqu'on y a recours.
On fait donc attention à bien se laver les mains avant d'insérer une coupe menstruelle ou un tampon que l'on ne portera pas au-delà de 8 heures (on essaie au maximum de le changer toutes les 4 heures). Lorsqu'on le place, on s'assure également que l'on n'a pas oublié le précédent, et on attend bien le début de nos règles pour l'insérer. Enfin, la nuit, on privilégie les serviettes hygiéniques.