Aux seuls mots de Freed From Desire, impossible de ne pas fredonner le "Na-na-na-na-na, na-na, na-na-na, na-na-na" qui ponctue le refrain de ladite chanson. Ce tube eurodance qui fait bouger les foules et enflamme les discothèques depuis 1996, nous le devons à la chanteuse milanaise Gala, à peine plus de 20 ans à l'époque, qui ne pensait pas bousculer la planète à ce point avec ce son issu de son deuxième album.
Pourtant en 97, Freed From Desire squattait aisément le Top des charts aussi bien en France et au Danemark qu'au Royaume-Uni, et plus globalement, dans de nombreux pays d'Europe. Au fil des années s'ensuivront des remixes et des reprises - dont une cover de notre Lorie nationale. Freed From Desire s'est transmis de génération en génération, jusqu'à devenir... l'hymne des Bleus au Qatar durant cette Coupe du monde 2022.
Car la chanson a été effectivement fredonnée avec enthousiasme dans les vestiaires par les joueurs français, après leur victoire face à l'équipe du Danemark (2-1) ce 27 novembre. Une vraie success-story s'il en est. Mais qui tend à faire oublier la dimension profondément politique de ce hit fédérateur.
Freed From Desire, tube politique ? Parfaitement, et anticapitaliste, même, comme le rappelle TF1. Gala Rizzatto de son nom complet évoque entre les lignes la frénésie capitaliste et la frustration sociale qu'engendre les disparités entre les plus aisés et les plus précaires.
Pour le deviner, il suffit juste de tendre l'oreille : "My love has got no money, he's got his strong beliefs" ("Mon amour n'a pas d'argent, mais il a de fortes convictions"), "Want more and more, people just want more and more" ("Les gens en veulent juste de plus en plus").
Le "désir" dont il faut se libérer (traduction du titre) serait-il celui de l'argent ? En tout cas, Gala n'hésite plus à détailler ce propos. Au magazine Trax, elle décrypte : "La chanson parle de l'importance d'avoir des principes des valeurs et des croyances fortes, par opposition à la valeur superficielle de l'argent, du pouvoir, du succès, de la célébrité. C'est un hymne à la liberté, liberté de ne pas toujours en vouloir plus : une maison plus grande, une voiture plus rapide, un selfie sur Instagram qui en jette encore plus que les photos de nos amis...".
Un hymne très actuel s'il en est donc. Gala aurait trouvé l'inspiration à New York, en observant justement les disparités inouïes entre les riches et les pauvres. "Je connaissais des gens qui se déplaçaient en hélicoptère, d'autres en métro, et des SDF qui dormaient dans des foyers", déplore-t-elle auprès de Trax. Le coeur du son repose dans les "convictions" suggérées : plus d'égalité, moins de course au profit, plus d'empathie...
Une réflexion pas si étonnante de la part de Gala. Car la chanteuse italienne est fille de militante féministe. En 2004, elle créait ainsi son propre label, le bien nommé Matriarchy Records, afin de mettre en lumière les femmes, des productrices aux ingénieures du son. A propos de Freed From Desire, elle dit d'ailleurs, au magazine toujours : "On peut percevoir une signification profonde avec un simple ressenti. C'était mon état d'esprit quand j'ai écrit la chanson, et ça l'est toujours : je veux inspirer les gens, et les femmes en particulier".