Qui n'a jamais vécu·e cette situation ? Attendre son ami·e. et le ou la voir débarquer avec son compagnon ou sa compagne. A une soirée, puis deux, à un brunch, un concert, une expo, à un aprem chilling devant Netflix. Tout le temps, toujours, quitte à vous courir sérieusement sur le haricot et à déstabiliser - peu à peu - votre amitié si précieuse. S'offre alors à vous une solution : lui en parler. Mais un mot de trop et la conversation peu rapidement s'envenimer. D'un autre côté, fuir le problème n'arrangerait en rien les choses pour vous deux.
Dans une société où le couple, plus qu'un événement, constitue une injonction, remettre en question son omniprésence vous fera passer pour un·e rabat joie, un·e allergique aux roucoulades, au bonheur des autres et à leurs selfies toujours trop parfaits. Pourtant, tout ce que vous désirez, c'est un bref moment d'intimité entre votre am·e et vous - sans vous contraindre à l'autocensure que peuvent exiger les interactions avec sa moitié.
Alors, comment apprivoiser avec diplomatie cette situation délicate tout en esquivant le conflit ? Pas de panique, les solutions existent. En voici quelques unes, décochées par des voix expertes et alertes.
Le premier point, et pas des moindres, est de comprendre la situation. Si cela fait seulement quelques semaines que le compagnon ou la compagne pointe le bout de son nez, par exemple, c'est tout à fait normal. La thérapeute de couple Kalanit Ben-Ari l'explique dans les pages du magazine Stylist : aux prémices d'une relation "officielle", un couple vit sa "phase lune de miel". C'est-à-dire que l'une et l'autre "moitié" sont inséparables comme les deux doigts de la main et aiment le faire savoir. "Ils veulent tout vivre ensemble", affirme la spécialiste.
Et il n'est pas rare que cette période dite "de l'âme soeur" s'éternise.
Avoir cela à l'esprit permet d'être plus compréhensif·ve. Ce à quoi vous assistez est en vérité un phénomène très naturel. Qui engendre pourtant un petit bémol, relaté par l'experte : si cette "socialisation" de couple est un passage obligé et normalisé, "cela peut cependant amener les amis et les membres de la famille à se sentir exclus ou rejetés" - ce dont votre ami·e n'a peut être pas du tout conscience. Et c'est là que le bas blesse. Peut-être éprouvez-vous cette désagréable impression d'être mis·e à l'écart. Douloureux quand l'amitié ne date pas d'hier.
Face à cela, l'évidence que vous souhaitez fuir : communiquez ! Oui, mais comment ? Sans détour. Ouvertement, comme vous avez tendance à le faire avec lui ou elle pour les choses les plus triviales. Dans le processus, ne pas omettre le plus précieux des ingrédients : la bienveillance. Tout est une question d'énoncé : il doit être limpide et amical.
Exemples ? Des propositions légères comme : "J'adorerais prendre un brunch, rien que nous deux. Est-ce que dimanche prochain t'irait ?". Idéal pour choyer les sensibilités sans s'engouffrer dans d'embarrassants silences.
Mais avant de papoter (par Messenger ou Whatsapp si le faire de vive voix vous intimide trop), soyez tout·e aussi honnête avec vous-même. Et posez-vous la question franco : d'où viennent au juste mes préoccupations ? De l'attitude de mon ami·e ? De celle de son compagnon ou de sa compagne ? Ou bien de mon incapacité à évoquer des choses importantes quand il ou elle est là ? Des complexes que je nourris au sujet de mon célibat, de ma vie personnelle et sentimentale ? Quelques instants d'introspection perso ne seront pas de trop.
Au coeur de ce dialogue, une philosophie brandie par ce reportage du magazine Metro : gérer sans heurter. Une fois le rendez-vous posé, expliquez à votre ami·e pourquoi conserver ce temps de tête-à-tête importe. Quitte à se mettre d'accord sur un 50/50 amitié/amour dans son planning perso, selon ses disponibilités.
Insister sur cela plutôt de rejeter son compagnon ou sa compagne permet de privilégier le positif - idéal pour adoucir les débats. Tel que l'énonce encore le site lifestyle Cleo, une formulation comme "C'est un peu difficile pour moi de te dire ça, mais...", peut faciliter la discute, avec sincérité et sans manipulation sentimentale ni amertume.
"La clé est de ne pas donner l'impression que vous vous plaignez de la situation. Soyez honnête et ouvert·e avec lui de manière aimante. C'est cela qui permet de cultiver les amitiés profondes et durables. Suggérez quelque chose que vous pourriez faire tous les deux - juste vous deux", explique Selina, la fondatrice de l'initiative de coaching relationnel Project Love. Et cela sans oublier les sentiments de votre ami·e. Comme le rappelle Kalanit Ben-Ari, le fait d'être en couple n'est pas qu'une option. Cela peut lui apporter "une impression de soutien ou de réconfort, de confiance". Il ne s'agit donc pas de sacraliser vos propres affects au détriment des siens.
Bien sûr, il se pourrait bien que votre embarras ne soit pas seulement dû à la diminution des tête-à-tête avec votre ami·e, mais (tout aussi gênant) de l'appréciation bien négative que vous vouez à sa moitié. Ouille. Dans ce cas-là, pas grand-chose à faire, si ce n'est la supporter, travailler sur soi, ou... l'éviter. Cependant, bien souvent, son compagnon ou sa compagne peut très bien "sentir" le regard noir que vous lui portez et s'exclure d'elle-même de vos conversations. Une solution triste mais loin d'être si rare.
Processus moins nul : accepter le changement. Tout simplement. C'est encore la psychothérapeute Tamsin Embleton qui nous le prescrit. Vous avez tout à fait le droit de dire "oui" aux choix et à l'évolution de votre ami·e, et, en parallèle, à dire "oui" à l'unisson "aux nouvelles opportunités, celle de rencontrer d'autres personnes, de développer vos interactions sociales", nous dit l'experte. Sans le moindre désir de "vengeance".
Et s'il suffisait de lâcher prise ? Et si cette situation vous laissait (aussi) l'occasion de consacrer votre temps à de nouveaux visages sans pour autant délaisser les anciens ? Et pourquoi pas ? Spécialiste en relations, Anna Goldfarb pense exactement la même chose. Du côté de The Frisky, l'autrice l'énonce : "le fait que vous éprouviez de la frustration pourrait être un signe : vous devriez fouiller dans votre liste de contacts et forger de nouvelles amitiés. Pensez-y. Je sais que cela peut sembler injuste, mais les amitiés changent tout le temps, surtout lorsque l'amour entre en jeu".
En bref, autant transformer vos pensées négatives en énergie positive. Mais quelle que soit votre décision au final, n'oubliez pas, la communication reste la clef : votre amitié vaut bien ça.