Ce 8 mars, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, elles étaient nombreuses, dans les rues, à se mobiliser. Celles de Paris, mais aussi de Marseille, Toulouse ou encore Besançon. Manifestantes, oui, mais aussi manifestants, à raison de dizaines de milliers. Selon les organisateurs, 30 000 personnes sont descendues dans la rue en cette journée symbolique.
Au coeur de cette mobilisation, un élan de grève féministe, motivé par un collectif d'une vingtaine d'associations, syndications et organisations féministes : celui des "premières de corvée". Premières de corvée, puisque les femmes ont largement occupé les premières lignes depuis les prémices de la période pandémique.
Et qu'il est plus que jamais temps d'en appeler à plus d'égalité : égalité salariale, égalité de représentation, égalité sociale. Autant de combats portés par les 30 000 voix qui en cette journée de lutte scandaient des slogans. Histoire de "refuser toutes ensemble de payer le prix de la crise pandémique avec notre travail, notre salaire, notre corps", comme l'énonce le communiqué du mouvement des "premières de corvée".
A Toulouse par exemple, les manifestantes répondaient au nombre de 3 800. A Rennes, elles étaient pas moins de 1 700. Pour rappel, les "premières de corvée" ne luttent pas simplement pour la notion d'égalité, des salaires ou des tâches. A travers cette grève manifeste, bien des combats : dénoncer les violences sexistes et sexuelles, les féminicides, les violences gynécologiques, les violences raciales...
Bref, "dénoncer et arrêter une société patriarcale et raciste qui nous exploite, nous soumet et nous tue", développe le communiqué officiel de la mobilisation nationale. Dans les rangs, l'on pouvait également entendre des voix silenciées et pourtant plus majeures que jamais : celles des étudiant·e·s, qui pâtissent beaucoup de la crise. "C'est dommage qu'on soit toujours en train de manifester en 2021 pour réclamer l'égalité des droits. En plus, la pandémie a beaucoup fait reculer les droits des femmes", explique à BFM TV Lucie, étudiante de 22 ans.
Un combat polyphonique donc. "Sans femmes, le monde s'arrête", scandaient encore les manifestantes, avec une petite variante : "Quand les femmes s'arrêtent, tout s'arrête !".
Lors de cette journée, le gouvernement a lancé les prix "1000 possibles". Une opération vise à "donner confiance à toutes les femmes". Ainsi, les filles nées ce 8 mars 2021 recevront la lettre une personnalité, comme Nolwenn Leroy, Pomme ou encore la styliste Agnès B.
Mais côté mesures réellement concrètes, cela avance peu. Si sept entreprises sur dix ont publié ce 1er mars leur note de l'index de l'égalité entre les femmes et les hommes, la note globale est passée en moyenne de 84 à 85 points seulement en un an et seules 2% des entreprises obtiennent la note maximale de 100, comme le souligne Le Parisien.
La ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno, a assuré : "Je plaide pour des quotas dans les instances de direction et je serai favorable à toute proposition de loi qui irait dans ce sens."
"J'ai l'impression que l'action du gouvernement pour ce 8 mars, c'est de publier des lettres d'artistes à 1000 filles nées aujourd'hui", s'est étonnée Caroline De Haas, instigatrice du collectif Nous Toutes sur Twitter. "Je veux dire, c'est mignon mais en terme d'impact sur les salaires, la répartition des tâches, la précarité ou les violences, c'est comment ?"
"Il est temps de mettre en place des choses ambitieuses pour améliorer l'égalité entre les femmes et les hommes", a tranché Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, ce 7 mars sur France Info. "Il faut que le gouvernement améliore les choses sur la manière dont la justice traite ces violences, la manière dont le milieu économique prend en compte plus d'égalité salariale entre femmes et hommes, plus d'égalité vis-à-vis de toutes ces femmes qui se sont tellement données et qui continuent à se donner tellement pour notre santé."