"Vous mettez à la tête de l'Etat des hommes qui sont accusés de viol et de violences contre les femmes, pourquoi ?". C'est ainsi que Laura, lycéenne de 18 ans, a interpellé Emmanuel Macron, lors d'un déplacement de ce dernier dans le Tarn le 9 juin dernier. Une séquence relayée par BFM TV et abondamment commentée.
Se référant aux accusations dont font l'objet le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, visé par une plainte pour viol, ainsi que le ministre des Solidarités Damien Abad, accusé de violences sexuelles, la lycéenne avait poursuivi : "Je ne comprends pas comment on peut parler de présomption d'innocence quand des milliers de femmes se font violer chaque année et qu'on les laisse être gouvernées par des hommes qui sont accusés de ce genre de choses".
Suite à cela, la lycéenne avait reçu la visite de gendarmes dans son établissement le vendredi 10 juin, alors qu'elle était en plein cours d'espagnol. Une visite très critiquée puisque Laura avait confié au Parisien avoir perçu leur visite comme une "intimidation". La gendarmerie du Tarn s'est justifiée de son côté, mentionnant "une action visant simplement à prendre en compte cette personne, qui s'était présentée comme victime, pour lui proposer de recueillir une éventuelle plainte, ou à défaut pour lui proposer une aide, un accompagnement".
Mais ce communiqué fait réagir les professeurs de l'élève.
"L'entretien avec les gendarmes a rapidement porté sur la question posée la veille et les commentaires des gendarmes ont alors confiné à la leçon de morale et ont pu donc être considérés comme autre chose que de l'assistance : une certaine forme d'intimidation. Intimidation d'autant moins supportable qu'elle se produit à l'intérieur même du lycée", ont fustigé les professeurs de Laura, comme le relate Libération.
Les enseignants du lycée Victor-Hugo de Gaillac rappellent également que "la mission première de l'école est d'être un lieu de formation du citoyen et de l'esprit critique, un lieu d'émancipation et de réflexion, elle ne doit en aucun cas faire l'objet d'une instrumentalisation de la part de quelconque pouvoir".
Et le collectif d'enseignants de conclure : "Nous devrions féliciter une jeune femme de 18 ans qui a le courage d'interpeller le chef de l'Etat pour exprimer publiquement son attachement au principe d'égalité entre hommes et femmes, d'autant plus quand elle le fait de façon calme, pacifique, argumentée. Elle ne mérite aucun reproche mais au contraire notre soutien".
Depuis la fameuse séquence, de nombreuses personnes ont partagé la question de Laura sur leurs réseaux sociaux : "@emmanuelmacron vous mettez à la tête de l'Etat des hommes qui sont accusés de viol et de violences, pourquoi ? La #QuestionDeLaura est aussi la mienne !". Le collectif féministe #NousToutes a appelé à multiplier ces publications.