A peine sorti, le nouvel ouvrage de l'historien et sociologue français Emmanuel Todd suscite déjà l'indignation sur les réseaux sociaux. L'essai en question s'intitule Où en sont-elles ? Une esquisse de l'histoire des femmes (Editions du Seuil) et se focalise notamment sur l'oppression patriarcale. Quelque chose qui, si l'on en croit l'intellectuel, n'existerait tout simplement pas. Tout du moins, pas dans les pays occidentaux, où l'égalité des sexes aurait déjà été acquise.
Un point sur lequel revient Todd dans Le Figaro. A le lire encore, le féminisme de la troisième vague serait essentiellement une lutte bourgeoise. Minimiser un engagement, décrédibiliser ses enjeux, quitte à passer outre recherches, échanges, enquêtes et essais : une stratégie bien connue pour qui s'attarde sur les attaques décochées au néo-féminisme.
Des constats qui en laissent beaucoup perplexes. Pour Télérama, la réflexion d'Emmanuel Todd n'a rien d'enthousiasmant. Elle est "masculiniste et conservatrice". "Emmanuel Todd ne s'était jamais, avant #MeToo, intéressé au féminisme, dont il n'a visiblement toujours pas lu les textes", fustige le magazine.
Sur Twitter également, les militantes critiquent ce texte.
"Problème réglé, les meufs, on remballe : le patriarcat n'a jamais existé. C'est un homme blanc de 70 ans qui le dit je pense qu'on peut lui faire confiance", ironise ainsi avec fracas Rose Lamy, instigatrice du compte "Préparez-vous pour la bagarre", qui étudie le sexisme dans les médias. "Oh, encore un mec qui écrit un bouquin pour dire que les féministes n'ont rien compris et que le patriarcat n'existe plus !", ajoute à l'unisson l'activiste Caroline De Haas sur Twitter.
A travers son livre, Emmanuel Todd accuse également le féminisme des classes moyennes de "désorganiser la vie des familles, qui deviennent monoparentales", associe le phénomène de "l'émancipation féminine" à celui de "l'effondrement des identités", et s'inquiète même des études et réflexions queer - en somme, de tout ce qui peut bousculer la binarité des genres. Comme l'impression de jouer à un vaste bingo du réac.
"Je n'attaque pas, je cherche à comprendre ce qui se passe, en chercheur, en anthropologue, en historien", assure cependant Emmanuel Todd au Figaro. Nombreuses sont celles aujourd'hui qui peinent à le croire.