Certaines avaient déjà témoigné par écrit dans les colonnes de Mediapart en juin 2021, d'autres jamais. Cette fois, c'est sous une enquête vidéo que le média donne la parole à huit femmes qui accusent le candidat d'extrême-droite à la présidentielle de "comportements inappropriés et d'agression sexuelle", s'étalant entre 1999 et 2019. Un reportage réalisé par Lénaïg Bredoux, Berenice Gabriel, Youmni Kezzouf, Valentine Oberti, David Perrotin et Marine Turchi.
Il y a notamment Claire, qui s'exprime sur ce sujet pour la première fois, derrière un masque. Elle raconte qu'en 2002, elle entamait un stage au Figaro. Elle avait à peine 18 ans quand l'éditorialiste lui a demandé de l'aider à résoudre un problème informatique, sous prétexte qu'elle était "jeune" et comprendrait donc plus vite.
Claire veut prendre une chaise, mais Eric Zemmour lui demande de s'accroupir à ses côtés, ce qui était déjà "bizarre", se souvient la jeune femme aujourd'hui. Alors qu'elle "joue avec la souris" pour voir ce qui cloche sur l'écran, elle sent la main de l'homme dans son dos "qui fait des allers-retours de bas en haut", affirme-t-elle.
"Mal à l'aise", elle en parle à sa responsable de stage et ancienne journaliste politique de la publication Pascale Sauvage. Celle-ci confronte le polémiste. "Je lui ai dit, tu touches pas à la stagiaire". "Il me dit : 'Si maintenant on ne peut plus draguer les stagiaires. Les stagiaires, c'est quand même fait pour faire des pipes et du café'". Ces mots, elle en est convaincue.
Il y a aussi Séverine, qui, en 1999, l'a rencontré à l'occasion de son mémoire. Elle l'accuse quant à elle de "propositions très crues de relations sexuelles" et de l'avoir "bloquée contre la paroi de l'ascenseur et embrassée de force sur la bouche". Ou encore Gaëlle Lenfant, ancienne responsable aux droits des femmes du Parti socialiste, qui rapporte le même baiser non consenti et forcé de la part de Zemmour. "Je me suis trouvée tellement sidérée que je n'ai rien pu faire d'autre que le repousser et m'enfuir en courant."
Des propos d'autant plus glaçants quand on se souvient de ses lignes abjectes parues dans son livre Le premier sexe. "Le poil est une trace, un marqueur, un symbole. De notre passé d'homme des cavernes, de notre bestialité, de notre virilité. De la différence des sexes. Il nous rappelle que la virilité va de pair avec la violence, que l'homme est un prédateur sexuel, un conquérant."
Face à ces nouveaux récits accablants, l'entourage d'Eric Zemmour s'est contenté de déplorer un "recyclage". "Mediapart veut faire un coup le jour de la journée de la femme en recyclant des témoignages déjà sortis l'an dernier", commente-t-il. "Minable à cinq semaines du premier tour". A noter qu'en aucun cas ici, il ne nie les faits, se contentant d'un "Je ne souhaite pas répondre à vos questions" lors de la sollicitation de Mediapart.
Ce lundi 7 mars, le candidat Zemmour osait : "Les violences faites aux femmes par des hommes sont impardonnables, injustifiables et scandaleuses. Elles doivent être sanctionnées très sévèrement", alors qu'il était interrogé sur le plateau de LCI lors de l'émission Face aux Françaises.