L'histoire de la Meute de Pampelune en a choqué beaucoup. Lors de l'édition 2016 des fêtes de cette ville espagnole, cinq hommes avait violé une fille de 18 ans. La qualification de viol n'avait pourtant pas été retenue contre les auteurs qui avaient ensuite été relâchés sous caution au mois de juin 2018 ce qui avait déclenché des manifestations monstres de femmes et d'hommes féministes en Espagne.
Les grands rassemblements populaires sont des lieux à risques et les femmes le savent bien. On l'a vu lors de la finale de la Coupe du Monde où la victoire et la fête avaient été entachées par des agressions. Lors des fêtes de la Madeleine à Mont-de-Marsan qui se sont tenues du 18 au 22 juillet, trois plaintes pour viol, attouchement sexuel et exhibition sexuelle ont été déposées.
Suite à ces affaires, les Fêtes de Bayonne qui se tiennent du 25 au 29 juillet sont particulièrement scrutées. Un des slogans de cette année : "N'oubliez pas que pour que la fête soit plus belle, non c'est non". Cette phrase est martelé par le maire Jean-René Etchegaray.
Bayonne pourrait servir d'exemple dans cette lutte contre les violences sexistes et sexuelles. A la demande d'associations féministes locales, la ville se portera partie civile en cas de plainte portée en justice.
Les Fêtes de Bayonne entameront cette année leur 11e campagne de prévention contre les violences sexistes et sexuelles. Lors de ces cinq jours de fêtes, ce sont près d'un million de personnes qui sont attendues, soit plus de 200 000 par jour, dans cette ville de la côte basque qui habituellement compte 49 000 habitants.
Ce qui est le plus redouté, ce sont les personnes en état d'ébriété. En plus d'une campagne d'affichage dans toute la ville, un livret uniquement disponible en français sera distribué aux personnes participant aux festivités. Ce document rappelle de manière simple, et ce que tout le monde n'a pas forcément en tête, ce qu'est une agression et martèle : "Si je me sens agressée, c'est une agression" et rappelle aux victimes qu'elles ne sont pas responsables.
Selon la préfecture de police des Pyrénées-Atlantiques, deux à trois cas ont été avérés lors de l'édition de 2017 et avaient fait l'objet de poursuites sur dix dénonciations qui n'avaient pu être toutes vérifiées. La ville dispose également de 60 caméras qui permettent des élucidations plus rapides des délits mais également une meilleure surveillance en cas de cas en train de se produire.
Sur le terrain, des personnels sont prêts à intervenir dans la foule. Un dispositif a aussi été mis en place en cas d'agression afin que la victime puisse être raccompagnée et qu'elle ne se retrouve pas "à partir dans la nature". 500 fonctionnaires de police en cumulé sur le week-end, complété par des gendarmes en périphérie de la ville et 300 personnes en charge de la sécurité sanitaire seront présentes. A la mesure de la taille de l'événement.
La préfecture assure que des mesures particulières pour accélérer toutes les procédures ont été prises, y compris les agressions sexistes et sexuelles. Dans les réunions préparatoires aux Fêtes de Bayonne, ce sujet a, selon le service de communication de la préfecture, été "particulièrement abordé. L'analyse du risque est là, on essaie de s'améliorer tous les ans et tout le monde est mobilisé".
Mais la ville de Bayonne fait aussi de la prévention et de la médiation en éduquant les petit·e·s Bayonnais·e·s à avoir le "savoir fête" dans le respect de l'autre dans les collèges et les lycées au niveau local.
Un stand de sensibilisation sur le sujet des agressions sexistes et sexuelles est en place chaque soir à partir de 16h. Mais beaucoup regrettent qu'il ferme à 21h seulement. Le Planning familial a également mis en place des cours d'auto-défense pour les femmes qui le souhaitent. Même si on regrette toujours que cela soit aux femmes de se protéger plutôt qu'aux hommes agresseurs de se ranger.
Alors pour que la fête soit belle pour tout le monde, aux Fêtes de Bayonne comme ailleurs, "non, c'est non !"