"Quelqu'un a dessiné une caricature de Greta Thunberg, une adolescente, violée. Et naturellement, certains hommes d'affaires de l'industrie pétrolière ont décidé de L'IMPRIMER SUR UN AUTOCOLLANT PROMO AVEC LEUR LOGO. Les hommes adorent nous rappeler en riant que si nous parlons, nous méritons ce qui nous arrive...". On ne peut pas faire plus limpide que ce commentaire virulent d'une internaute indignée.
Résumons : une compagnie pétrolière a cru bon d'employer comme outil promotionnel un dessin à caractère pédopornographique, représentant Greta Thunberg agressée sexuellement, le corps dénudé, les nattes tirées par des mains d'homme.
C'en est si révoltant que l'on s'interroge. Est-ce un "fake" ? On aimerait que ce soit le cas, mais non. Sur Facebook, la citoyenne canadienne Michelle Narang a été la première à relayer ce logo indigne, précise le Huffington Post. Révélant le nom de la compagnie pétrolière en question, X-Site Energy Services, elle se dit "absolument dégoûtée que cette compagnie ait pensé que les hommes et les femmes qui travaillent dur dans l'industrie de l'énergie allaient cautionner cette représentation d'une enfant en train d'être violée".
Passée l'écoeurement, Michelle Narang a contacté le directeur du groupe, Doug Sparrow. "Il est au courant et soutient ce message, assure-t-elle. Sa réponse a été : Ce n'est pas une enfant, elle a 17 ans !". Ou comment pousser la nausée au niveau max.
"Cette compagnie représente tout ce contre quoi l'industrie [du pétrole et du gaz] a besoin de lutter", tacle encore Michelle Narang. "C'est triste que l'autocollant ait été relayé à travers toute une chaîne d'individus qui l'ont donc imaginé, imprimé et distribué. Comme si n'importe qui pouvait penser que c'était drôle". D'autant plus scandaleux que ce sticker était destiné à être porté sur les casques des travailleurs employés par le groupe pétrolier. On hallucine. D'où l'importance de prendre à parti les dirigeants de X-Site Energy Services. Car après tout, poursuit l'internaute, "le silence n'est jamais source de changement".
On passera volontiers sur "l'argument" déplorable du CEO Doug Sparrow, selon lequel une image représentant une jeune fille agressée sexuellement n'est pas pédopornographique. Comme le rappelle le Huffington Post, le Code criminel canadien considère comme relevant de la pornographie juvénile "toute représentation visuelle d'une personne de moins de 18 ans engagée une activité sexuelle". Ici, il s'agit donc clairement d'une illustration pédopornographique, mais également d'une incitation totalement décomplexée au viol, sous couvert d'une haine anti-Greta Thunberg ouvertement assumée. "C'est dégueulasse", déplore à juste titre un internaute pour qui Sparrow fait l'apologie "du viol d'enfant".
C'est aussi là l'opinion de Leela Aheer, la ministre de la Culture de l'Alberta (à l'Ouest du Canada), pour qui ce logo est "complètement déplorable, inacceptable et dégradant", et exige d'immédiates conséquences.
Et Greta Thunberg, alors ? La jeune activiste suédoise est évidemment au courant de cet affront. Mais pour elle, cela en dit long sur la lâcheté de ses opposants. "Ils commencent à être de plus en plus désespérés. Cela prouve que nous gagnons !", déclare-t-elle à ses quatre millions de followers sur Twitter.
Des propos inspirants et fédérateurs, qui ont suscité bien des messages de soutien. Comme celui de l'entrepreneur Adam Rifkin, qui l'énonce : "Chère Greta, Nous apprécions votre force. Nous apprécions votre courage. Nous apprécions votre volonté de dire la vérité aux organes de pouvoir. Nous apprécions votre refus de laisser les menaces vous arrêter. Nous sommes avec vous. Continuez de faire ce que vous faites". On ne peut que corroborer face à ces paroles pleines de bon sens. L'exact inverse de l'ignominie dont font preuve ses détracteurs.