Dès 16h16 ce mercredi 4 novembre, les Françaises ne seront, en moyenne, plus rémunérées pour le travail accompli lorsqu'on compare leur salaire à celui des Français. Un fossé béant qui trahit un sexisme enraciné. En amont de cette date symbolique, située le 5 novembre à 15h47 en 2019, soit la preuve que les choses n'avancent pas, la newsletter féministe Les Glorieuses a interrogé 7262 personnes de plus de 18 ans sur leur perception de ces inégalités salariales. Les résultats sont édifiants.
98 % des femmes et 88 % des hommes estiment ainsi que "la question des inégalités salariales hommes-femmes ne fait pas débat", et la condamnent fermement. 35 % des sondé·e·s confient également avoir été victimes de discrimination salariale basée sur le genre, et 9 % sur l'âge. Individuellement, 81 % des femmes et 72 % des hommes interrogé·e·s se disent même prêt·e·s à partager le montant de leur rémunération pour "faire progresser la cause de l'égalité salariale". Enfin, 96 % des femmes et 85 % des hommes souhaitent "une politique plus ambitieuse" pour y arriver.
De ces conclusions se forme un consensus qu'il est impossible d'ignorer, et qui demande des actions gouvernementales concrètes.
Depuis le début du mouvement pour l'égalité salariale, lancé en 2016 par l'activiste et docteure en économie Rebecca Amsellem, fondatrice des Glorieuses, plusieurs mesures sont préconisées par le collectif féministe. Notamment, rendre obligatoire le congé paternité et lui donner la même durée que le congé maternité en post-partum, la transparence de la grille salariale, et plus récemment, l'obligation pour les entreprises de plus de 50 salarié·e·s à avoir un·e référent·e égalité salariale.
Respectivement, ces propositions sont soutenues par 91 % des femmes et 79 % des hommes pour ce qui est du congé paternité, par 91 % des femmes et 80 % des hommes pour une grille salariale transparente, et par 84 % des femmes et 67 % des hommes en ce qui concerne les référent·e·s. "Il est à noter que même s'ils ne s'en sentent pas victimes, les hommes sont tout autant concernés", analyse Les Glorieuses. Un constat prometteur, qu'elle accompagne d'une pétition pour un plan précis.
"Conditionner l'accès aux marchés publics, l'obtention des subventions publiques et celui des prêts garantis par l'Etat au respect de l'égalité salariale au sein de sa structure.
Cette première mesure, qui ne coûte rien en termes de budget, permet de s'assurer que le budget alloué par l'Etat pour construire la France de demain ne va pas creuser les inégalités et peut même les endiguer rapidement.
Renforcer l'Index de l'égalité en créant un certificat d'égalité obligatoire des entreprises.
Ce certificat pourra à terme être obligatoire pour accéder aux avantages cités dans la proposition précédente. En effet, selon Rachel Silvera, économiste, maîtresse de conférences université Paris-Nanterre et co-directrice du réseau de recherche MAGE (Marché du travail et Genre), 'Actuellement, l'Index mis en place par le Gouvernement demande aux entreprises d'évaluer les inégalités entre les hommes et les femmes à partir de cinq critères, le tout noté sur 100. Si la note est inférieure à 75, l'entreprise doit mettre en place un plan d'action. Cet index présente des lacunes du fait de biais statistiques importants, de manipulations possibles et du fait que les entreprises se notent elles-mêmes : il n'est pas un outil efficace. Il est indispensable qu'un standard sur le respect de l'égalité salariale soit appliqué par un organisme extérieur formé à cet effet et non par un comité interne, qu'il repose de façon empirique sur la politique menée par l'entreprise, et qu'il y ait une obligation d'exécution si cette politique est insuffisante.'
Valoriser les salaires des métiers où les femmes sont les plus nombreuses comme les métiers du soin.
47,7 % de ces emplois sont occupés par des femmes (Observatoire des inégalités, 2012) mais des secteurs sont largement plus féminisés que d'autres. Ainsi, les aides à domiciles et aides ménagères et assistantes maternelles sont quasi toutes des femmes (97,7 %), de même que les secrétaires (97,6 %), les employées de maison (94,3 %), les enseignantes (65,7 %) ou encore les aides-soignantes, infirmières/sage-femmes (respectivement 90,4 % et 87,7 %). Nous demandons ainsi une revalorisation économique de l'ensemble des métiers à prédominance féminine.
Intégrer les femmes aux décisions liées au plan de relance
Dans ce cadre, un groupe de travail composé d'expertes sera chargé de déterminer l'ensemble des critères pour surveiller la juste répartition du plan de relance économique et les investissements nécessaires pour améliorer la vie des femmes dans la 'France de demain'.
Soutenir un congé paternité équivalent au congé maternité
Le congé de 7 jours consécutifs obligatoires (oui, oui le week-end est compris) pour les pères aujourd'hui n'est pas suffisant pour résorber les inégalités. Selon l'association " Parents et Féministes ", " 7 jours ne suffisent pas. Ceci doit être la première étape menant à l'alignement du congé paternité - ou deuxième parent - sur le congé maternité."
Ces cinq propositions solides, que l'on peut soutenir en participant à la pétition dédiée, constituent le plan de relance économique féministe présenté par le collectif, qui a pour but de "corriger les inégalités économiques structurelles dont les Françaises sont aujourd'hui victimes". Cinq mesures que Les Glorieuses demande au gouvernement d'intégrer dans le plan de relance "historique" que ce dernier a élaboré à hauteur de 100 milliards d'euros, et présenté le 3 septembre 2020. La solution, d'après ses autrices, pour enfin mettre fin à une situation dramatique. Et qui ne semble pas prise, ou toutefois pas assez, au sérieux.
"Devinez quel mot est absent du plan de relance économique du gouvernement ? Le mot 'femme'. Sans blague", peut-on lire sur leur site. Alors, on signe. Et on passe le mot sous #4Novembre16h16.