Le débat sur le mariage gay soulève de nombreuses questions, dont une récurrente sur la théorie du genre. Xavier Breton et Virginie Duby-Muller, deux députés UMP, ont fait parvenir à l'Assemblée une demande de résolution portant sur la mise en place « d'une commission d'enquête sur l'introduction et la diffusion de la théorie du gender en France ». Leur requête s'étale sur quatre pages et demande « un véritable état des lieux de la pénétration de cette théorie dans l'ensemble de notre pays : politique de la petite enfance, éducation, enseignement scolaire, enseignement supérieur, droits des femmes, droit de la famille, droit social, administration, justice ».
Ils craignent que cette théorie qui, selon eux, bouleverse le contrat social, ne s'implante dans la société française sans que les citoyens en soient informés. Xavier Breton, fervent opposant au mariage et surtout à l'adoption pour tous, considère que le projet de loi sur le sujet « s'appuie sur la théorie du genre, idéologie qui consiste à dire que l'homme et la femme sont interchangeables ». Et accuse les Etats-Unis de véhiculer ce genre d'études : « Nous voulons ouvrir le débat avant que le gouvernement n'impose de gommer l'altérité sexuelle. »
Pourtant, les chercheurs ne comprennent pas pourquoi les élus se mêleraient de ces recherches qui s'appliquent à tous les domaines et n'en constituent pas un à elles seules : « Les gender studies regroupent des réflexions accumulées depuis des décennies, qui sont très transdisciplinaires, extrêmement riches intellectuellement. Elles touchent les sciences sociales, mais aussi les sciences dures, comme la biologie. Depuis quand crée-t-on des commissions pour encadrer la recherche en sciences sociales ? », s'interroge dans les colonnes de Libération Hélène Périvier, co-responsable du projet Présages à Sciences Po, un programme d'enseignement et de recherche des savoirs sur le genre.
Cette initiative conduite par deux parlementaires attire le regard sur la volonté farouche de l'UMP de trouver une explication aux avancées sociétales actuelles. Déjà en 2011, Christine Boutin, suivie ensuite par 80 députés UMP, avait écrit à Luc Chatel, alors ministre de l'Education, pour qu'il supprime ou remanie un paragraphe contenu dans le manuel de SVT des élèves de première ES, qui mettait en cause l'orientation sexuelle et expliquait, selon le titre, qu'on peut « devenir homme ou femme ». La droite catholique conservatrice l'avait à l'époque qualifiée de « doctrine du gender ». Aujourd'hui l'UMP dénonce la déconstruction des genres pour condamner la différence sexuelle. Des termes différents mais toujours le même débat.
Crédit photo : Abacapress
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