Il y a deux ans, Islan Nettles, une jeune transsexuelle de 21 ans était battue à mort dans une rue d'Harlem, à New York. Un samedi après-midi, elle marchait en compagnie de deux amies quand un groupe d'hommes les ont attaquées. Ils ont agressé verbalement la jeune femme avant de la frapper à de multiples reprises à la tête. Elle a succombé à ses blessures quelques jours plus tard. Il a fallu à la police deux ans avant de mettre la main sur un suspect pour ce meurtre sauvage perpétré en plein jour.
Depuis cet assassinat, plus de 20 femmes transgenres, la plupart de couleur, ont été tuées aux Etats-Unis. Le 18 août dernier, l'actrice et activiste Laverne Cox, qui s'est faite le porte-parole des transgenres, a déclaré "l'état d'urgence" dans une émission télévisée, ajoutant ces mots : "Vous ne devriez pas être en danger pour ce que vous êtes. Nous devons prononcer les noms de ces personnes tuées." Pour cette dernière, il ne fait pas de doute qu'il y a un lien entre la violence subie par les femmes transgenre et le fait que celles-ci peinent à trouver un emploi ou un logement et à bénéficier d'une couverture médicale.
Le 21 août, c'est l'écrivaine Jennifer Finney Boylan qui a pris la plume pour dénoncer dans le fossé entre son existence confortable de transsexuelle blanche et le sort des transgenres de couleur.
Qui sont les transgenres aux Etats-Unis ? Comme le souligne le site Mic, pour mettre fin aux discriminations et aux violences, il s'agit de définir les contours de cette communauté. Or, il n'existe pas de chiffres précis, et cette absence de données contribue évidemment à marginaliser celle-ci.
Comme l'explique Mara Keisling, directrice exécutive du Centre national pour l'égalité transgenre, "quand on ne peut utiliser des statistiques d'une communauté, on ne peut pas comprendre les défis auxquels elle est confrontée." De son côté, Kerith Conron, une chercheuse du département de santé de la ville de Boston, explique à Mic qu'elle connaît des personnes transsexuelles qui se sont retrouvées obligées de dormir dans la rue car les foyers d'accueil, qui séparent habituellement les hommes et les femmes, ne savaient pas "que faire d'eux".
Cette confusion au sujet du sexe des transgenres, on la remarque également au sein de la police, qui, en utilisant le prénom de naissance - et donc masculin - des victimes, tend à induire en erreur les témoins potentiels des scènes de crime, ainsi que le signale le site Think Progress.
Or cette méconnaissance des chiffres et cette confusion généralisée s'avère de plus en plus meurtrière, comme en témoigne le nombre croissant d'assassinats aux Etats-Unis. Pour lutter contre cette situation, de nombreux activiste sont décidé de lancer le mot-dièse #TransLivesMatter, en écho au mot d'ordre #BlackLivesMatter né après l'affaire Trayvon Martin et contre les violences à l'égard des Afro-Américains sur Twitter.