Les Iraniennes pourront-elles bientôt assister aux matchs de foot ? Alors que depuis la Révolution islamique de 1979, les femmes sont interdites d'accès au stade lors d'événements sportifs masculins, officiellement pour les protéger du comportement inconvenant des supporteurs, ces dernières revendiquent aujourd'hui le droit d'assister aux matchs de football et pourraient bien obtenir gain de cause.
La révolte et l'espoir sont venus ce mardi 5 septembre alors que l'équipe nationale iranienne était opposée à la Syrie pour peut-être participer à la Coupe du monde 2018. Si l'équipe nationale s'est bien qualifiée pour le Mondial russe, l'autre événement de cette rencontre se déroulait non pas sur le terrain, mais dans les tribunes du stade Azadi de Téhéran : deux femmes députées y étaient présentes pour la première fois.
C'est le ministre des Sports iranien Masoud Soltanifar qui a accordé aux parlementaires le droit d'assister au match, répondant ainsi favorablement à la requête de la députée Tayebeh Siavoshi. "C'était la première fois que je venais au stade Azadi pour regarder un match et [...] les femmes peuvent revendiquer ce droit", a-t-elle par la suite déclaré à l'agence d'information iranienne Isna. D'autres députées ont en revanche décliné l'invitation du ministre des Sports, considérant que son geste n'était que symbolique et ne serait pas suivi de véritable mesure en faveur des droits des femmes. "Je n'irai que lorsqu'elles aussi pourront [toutes] y aller", a ainsi expliqué au journal Shargh l'élue Parvaneh Salahshouri.
De son côté, le ministre des Sports a laissé entendre que d'autres initiatives de ce genre pourraient de nouveau avoir lui. "Nous allons essayer de préparer le terrain pour la présence de familles dans les stades, par la voie de la consultation et de la coordination. Je suis certain que les fans respecteraient les limites qui doivent être respectées."
La présence de parlementaires dans le stade n'était pas le signe d'une possible évolution des mentalités en Iran. Pour la première fois, les médias iraniens n'ont pas hésité à diffuser des images des supportrices syriennes assistant à la rencontre. Un présentateur de la télévision d'État a même déploré en direct l'absence de femmes iraniennes dans les tribunes, estimant qu'elles "pourraient aussi être présentes avec certains arrangements".
Les Iraniennes elles-mêmes ont décidé de se battre pour accéder enfin aux gradins. Mercredi 6 septembre, au lendemain de la rencontre avec la Syrie, le site internet du stade Azadi a été piraté, rapporte l'agence Isna : pendant plusieurs heures, un bandeau sur la page d'accueil affichait "Laissez les femmes iraniennes accéder à leurs stades".
En 2015, le conseil de sécurité de l'Iran avait approuvé un plan du ministère des Sports pour permettre femmes et aux familles d'assister à certains événements sportifs comme les matchs masculins de volley-ball et de basketball.
Pour assister aux matchs de football, en revanche, rien n'est en encore joué pour les Iraniennes. Ce week-end, nombre d'entre elles s'étaient réjouies de pouvoir acheter en ligne leur place pour le match opposant l'équipe nationale à la Syrie. Malheureusement, la Fédération iranienne de football a rapidement invoqué un problème technique, assurant que les femmes n'étaient pas autorisées à assister au match et que leurs billets seraient remboursés.