Le 9 octobre 2012, la jeune Malala Yousafzai, est attaquée par les talibans alors qu'elle se rend à l'école en bus scolaire dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, au nord-ouest du Pakistan. Reprochant à l'adolescente son engagement en faveur de la scolarisation des filles dans le pays, les terroristes lui tirent une balle dans la tête.
Un an quasiment jour pour jour après cette attaque qui a failli lui coûter la vie, Malala, aujourd'hui âgée de 16 ans, s'apprête, peut-être, à remporter le prix Nobel de la Paix. Nommée pour son combat pour l'avenir des jeunes filles pakistanaises, Malala considère qu'elle ne mérite pas de décrocher la prestigieuse récompense. Interviewée par la radio pakistanaise City89 FM, la jeune fille a ainsi déclaré : « Beaucoup de gens méritent le Prix Nobel de la Paix. Je pense que je peux en faire encore davantage. Selon moi, je n'ai pas accompli tant de choses que ça pour remporter le prix. »
Déjà lauréate cette année du prix Simone de Beauvoir pour la liberté des enfants et du Peter J. Gomes Humanitarian Award, que lui a remis l'Université d'Harvard le mois dernier, Malala est aujourd'hui déclarée comme la grande favorite pour décrocher le prix Nobel. Kristian Berg Harpviken, directeur de l'Institut de recherche sur la paix d'Oslo, estime qu'attribuer la récompense à Malala adresserait « plusieurs messages très importants » sur « le rôle de l'éducation, en particulier celle des filles et des femmes, pour la paix, la démocratie et les droits de l'homme ».
Pourtant, tous ne partagent pas son avis. Son homologue suédois Tilman Brück trouve notamment qu' « imposer cela à une enfant pourrait ne pas être éthique ». Un point de vue que défend le journaliste américain Scott London. Ce spécialiste du prix Nobel a déclaré à l'AFP que remettre le prix à Malala « serait potentiellement controversé et risqué pour le comité, car [le prix serait] dans le sillage de plusieurs choix malheureux, comme le président Obama en 2009 et l'Union européenne » en 2012. « À travers le monde, un concert grandissant de critiques estime que le prix est devenu trop politisé, que les lauréats sont choisis moins pour leurs mérites que pour la valeur publicitaire qu'on leur prête », a-t-il poursuivi.
En attendant la remise du Nobel demain, Malala a remporté, ce jeudi, le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit. Il lui a été remis par le Parlement européen pour « saluer [sa] force incroyable » et son combat en faveur de l'éducation des filles au Pakistan. « Malala défend avec courage le droit de tous les enfants à l'éducation », « trop souvent refusé aux jeunes filles », a déclaré le président du Parlement Martin Schulz dans un communiqué.
Si Malala venait aussi à remporter, demain, la célèbre récompense, elle deviendrait la plus jeune lauréate Nobel de l'histoire.
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