SAR. Solidarité et Résistance. C'est le mot d'ordre du Louise-Michel, le navire humanitaire financé dans le plus grand secret par Banksy, l'artiste aussi mondialement célèbre qu'anonyme. Parti d'un port espagnol le 18 août dernier, le bateau aurait secouru plus de 300 personnes en détresse, comme l'énonce le Guardian. Etre la bouée de sauvetage des migrants rescapés, c'est là l'intention de cette entreprise solidaire qui, à l'instar des créations politiques du street-artist, se permet au passage de sensibiliser l'opinion publique.
Le Louise-Michel est un bateau non seulement humanitaire, mais féministe. A la barre, la militante et capitaine allemande Pia Klemp, qui n'en est pas à sa première opération de sauvetage. Seules les membres d'équipage féminins sont autorisées à s'exprimer au nom du Louise-Michel, nous apprend le journal britannique. Chargée des opérations de secours à bord, l'infirmière Lea Reisner voit en le Louise-Michel le centre d'une convergence des luttes, entre "justice sociale, droits des femmes et des LGBTIQ, égalité raciale", dixit Le Monde. La capitaine Pia Klemp décrit quant à elle son action comme "anti-fasciste".
Paré de son nom d'anarchiste française, le navire, en quête permanente de ports maritimes accueillants et de "transferts" d'un bateau à l'autre, vient en aide à celles et ceux que trop de hautes instances ignorent. Ce 29 août, il aurait permis l'évacuation d'une quarantaine de personnes (avec l'aide d'un navire des garde-côtes européens), puis celle de 200 migrants, avec l'aide du Sea Watch 4, un bateau directement affrété par l'ONG Sea-Watch et l'organisation Médecins sans frontières, nous apprend Le Monde.
Seulement voilà, rien n'est encore terminé, loin de là. "Un lieu sûr pour tous les survivants", c'est ce qu'exige désormais le Louise-Michel, puisque cet équipage n'a pas encore été débarqué sur un port. Effectivement, précise Amnesty France, les 201 personnes à bord du Sea Watch 4 sont toujours "bloquées en mer" à l'heure où ces lignes s'écrivent. "Les survivants doivent pouvoir débarquer au plus vite dans un port sûr", alerte l'ONG, qui fustige un "insupportable harcèlement contre les bateaux de sauvetage en Méditerranée".
Une indignation collective.
Si collective d'ailleurs qu'elle s'étend des internautes aux associations internationales, en passant par les responsables politiques. La preuve ? C'est aujourd'hui la nouvelle maire de Marseille, Michèle Rubirola, qui en appelle à la réactivité du président Emmanuel Macron. L'intention de la politicienne écologiste ? Ouvrir le port de la ville - sous tutelle de l'Etat - aux migrants. "Des gens meurent en Méditerranée. Il est temps de les sauver. Je demande à Emmanuel Macron de nous accompagner et à l'État de prendre ses responsabilités", a-t-elle déclaré sur Twitter. Avant de poursuivre par l'affirmative : "Marseille, ville d'accueil et solidaire, ouvrira son port".
"Marseille ouvre son port à ceux qui sont en détresse, aux naufragés à ceux qui ont besoin de secours", atteste Benoît Payan, le premier adjoint de la ville. Même son de cloche du côté des députés et députées du groupe parlementaire de l'Assemblée nationale Écologie démocratie solidarité, qui lance l'alerte : "Les naufragés doivent être rapidement débarqués en sécurité dans un port proche. La France a aussi un devoir d'humanité et doit offrir son assistance". Dans l'un de ses derniers communiqués, SOS Méditerranée précise par ailleurs que "les États ont l'obligation légale de fournir un lieu sûr sans délais". Malgré tout, l'attente se poursuit. Et elle est insoutenable.
"Trop d'obstacles empêchent les bateaux de sauvetage en Méditerranée de réaliser leur mission humanitaire. La solidarité doit être encouragée et non criminalisée !", déplore Amnesty. Des obstacles qui n'empêchent pas le Louise-Michel de poursuivre ses sauvetages mouvementés. Comme le rappelle encore Le Monde, les embarcations se succèdent plus que jamais en Méditerranée centrale, dans ce qui demeure la route migratoire la plus meurtrière du monde. Plus de 300 migrants auraient déjà péri cette année en ces eaux. Et la semaine dernière encore, développe Info Migrants, 45 personnes seraient mortes noyées. Parmi elles, cinq enfants.