Du 12 novembre au 3 décembre 2020 avait lieu la seizième édition du Mobile Film Festival. Un événement qui se résume en un slogan : 1 Mobile, 1 Film, 1 Minute. En 2020, après "Act Now For Climate Change" l'année précédente, le thème était "Women's Empowerment". Un vaste sujet qui entendait rassembler de nombreux·se·s participant·e·s autour d'axes divers : les violences à l'égard des femmes, le corps des femmes, l'égalité, ou encore identité et liberté.
Pari réussi, puisque 1130 courts-métrages venant de 101 pays ont été envoyés, dont 57 % réalisés par des femmes. Un record pour le festival.
On vous parlait d'ailleurs récemment de l'un d'eux, figurant dans la sélection officielle des soixante : 74 %, de Leila Macaire. Une minute qui abordait la masturbation féminine au fil d'images quasi muettes mais percutantes. Le 7 décembre, le jury, présidé par l'actrice et réalisatrice Agnès Jaoui et composé notamment de l'autrice et journaliste Tania de Montaigne, l'artiste Aloïse Sauvage ou encore la réalisatrice Anastasia Mikova, a délibéré, récompensant neuf films de prix et bourses divers. Les voici.
Dans ce film sans dialogue en noir et blanc, la réalisatrice britannique montre avec subtilité les obstacles auxquels font face les travailleuses, et comment la sororité permet à chacune de mieux avancer. "De façon très simple et avec des belles idées de plans ce film promeut ce qui est le thème de cette année, l'entraide, l'empowerment", se réjouit Agnès Jaoui auprès de 20 Minutes.
Career Path, "Plan de carrière", en français, a remporté le Grand Prix international, ainsi qu'une bourse de 20 000 euros dédiés à la production d'un film.
"Quand une moitié de l'humanité écrit l'histoire, on peut se demander où est passée la deuxième moitié", s'interrogent Christabel Desbordes et Benjamin Clavel dans ce film d'animation poétique et mordant qui illustre à merveille la façon dont les femmes ont longtemps été (et sont encore) invisibilisées.
Une nouvelle page a remporté le Grand prix France, ainsi qu'une bourse de 20 000 euros dédiés à la production d'un film.
Un film puissant qui dénonce la tradition des mariages forcés par le prisme d'une jeune fille de 14 ans, Miriam, unie à un ami de son père qui est en colère car ses trois premières femmes ne lui ont pas donné de fils. "C'est un sujet qui persiste et la réalisation est simple et implacable, subtile", commente Agnès Jaoui.
The Bride, "La mariée", en français, a remporté le Prix du scénario, ainsi q'une bourse de 3 000 euros d'aide à l'écriture.
De jeunes garçons jouent au volley dans la cour de leur école contre une équipe qu'ils ne voient pas : un mur les sépare. Les échanges sont rapides, efficaces, la partie est musclée. A la fin, on découvre le pot-aux-roses. Et le mur prend un tout autre sens.
Divar, "Le mur", en français, a remporté le Prix de la mise en scène, ainsi q'une bourse de 3 000 euros d'aide à l'écriture.
Pour contourner la censure sexiste des réseaux sociaux qui sexualisent à outrance le corps des femmes - et supprime les photos de tétons seulement lorsqu'ils appartiennent à une poitrine féminine, Florence Fauquet a une technique bien particulière. Ironie du sort : son court-métrage a été censuré au bout de dix jours sur Youtube (bien que la plateforme soit partenaire du festival), et idem sur Instagram. "La violence est admise mais les tétons de femmes, c'est pas possible...", déplore Agnès Jaoui. "Cela semble comique mais ça en dit long".
#Freethenipples a remporté le Coup de coeur du jury, et est de nouveau en ligne.
Dans ce rap a capella, la jeune actrice taïwanaise Kuyu Tuyaw répond à une directrice de casting qui lui dit qu'elle est "pleine de vibrations tropicales". "Vous m'avez pris mes terres et ma langue maternelle, et maintenant, vous voulez me priver de mon temps d'écran", rétorque-t-elle dans les rues de son quartier, où l'on peut lire "réserve indigène à vendre".
Kuyu Tuyaw a remporté le Prix d'interprétation féminine.
Un moment privilégié entre un père et sa fille qui jouent à la poupée. Le scénario est simple : une princesse prisonnière d'un monstre attend son prince pour... ne pas la libérer, ni combattre le monstre, d'ailleurs. Ça, elle peut le faire toute seule, réplique la jeune actrice agacée à son parent un peu décontenancé - qui accepte toutefois volontiers le rôle de "babysitter de peluches" qu'elle lui réserve. Féérique, féministe et un joli pied de nez à la tradition des cadeaux genrés de Noël.
Samuel Roger, qui interprète le père, a remporte le Prix d'interprétation masculine.
Ana Moreira raconte l'histoire de quatre femmes d'une même famille. L'arrière-grand mère, la grand-mère, la mère et la fille, Maria. Comment, alors que les trois premières ont subi nombreuses discriminations sexistes, elles ont continué à se battre pour la génération suivante. Et maintenant, pour celle de Maria. Un court-métrage touchant et sororal.
From Maria a remporté le Prix de l'Extra Court, ainsi qu'une bourse de 700 euros offerte par L'Agence du Court Métrage qui distribuera le film.
Un échange entre un homme et une femme avant, pendant et après un trajet en ascenseur, qui met en lumière la réalité crasse et trop ordinaire du harcèlement sexuel en entreprise, mais livre aussi une leçon rapide et efficace de respect et d'égalité.
Après vous a remporté le Prix du public décerné en partenariat avec Simone Media et Sens Critique.