Vous avez un nouveau chef et votre diagnostic est définitif : il est nul !
Vous le prenez régulièrement en flagrant délit de nullitude en matière de motivation, prise de décision, communication ou autre. Ce sentiment d'avoir un chef nul est tellement destructeur que c'est une des premières causes de démission dans l'entreprise. Conscient du risque, vous recherchez activement une solution, mais vous avez beau faire, vous ne trouvez pas. Vous bouclez sur trois possibilités aussi insatisfaisantes les unes que les autres :
C'est ce que vous avez le plus envie de faire. Quel soulagement à l'idée d'aller lui dire ses quatre vérités ! Vous finissez même par vous dire qu'il faut le faire, que cela lui fera du bien, que vous allez l'aider. Malheureusement, quand vous y réfléchissez, la probabilité qu'il vous remercie de lui avoir ouvert les yeux sur ses lacunes est assez faible. Il est plus probable qu'il le prenne mal, s'emporte et vous prenne en grippe.
Cette solution vous paraît plus maligne, même si elle est un tantinet machiavélique. Vous pourriez utiliser votre réseau, votre compétence ou votre force de conviction pour monter les autres contre lui et le pousser à débarrasser le plancher. Le problème, c'est que c'est dangereux. S'il est plus machiavélique que vous, ça pourrait bien se retourner contre vous.
Dernière possibilité, la moins risquée mais la plus pénible à vivre. Vous pourriez vous faire une raison et accepter de travailler pour un nul. Mais plus vous y pensez, moins c'est possible. Ce serait de la lâcheté, voire même de la non-assistance à entreprise en danger.
Alors que faire ? Y a-t-il une quatrième possibilité, en dehors de celle de démissionner ?
La 4e possibilité, c'est de changer l'énoncé du problème à résoudre.
Souvent, quand un problème ne trouve pas de solution, c'est qu'il est mal posé.
Il n'y a pas de solution au problème : "comment obliger mon chef à se comporter comme j'estime qu'un bon chef doit se comporter ?".
Par contre, il peut y avoir une solution au problème "comment puis-je rester motivée et heureuse dans mon poste avec un chef qui se comporte comme il se comporte ?".
Si votre chef ne sait pas vous motiver, c'est une bonne occasion pour apprendre à vous motiver tout seul. Rappelez-vous votre jeunesse et le plaisir que vous avez éprouvé quand vous avez décidé de travailler à l'école pour vous offrir un avenir au lieu de travailler pour faire plaisir à vos parents ou à vos enseignants.
Si vous pensez que votre chef ne sait pas décider, c'est peut-être qu'il décide autrement que vous. Peut-être est-il plus ouvert que vous et envisage-t-il d'autres solutions que celle qui vous paraît évidente ? Peut-être est-il plus patient que vous et trouve-t-il que le moment n'est pas encore venu de trancher ? Accordez-lui le bénéfice du doute et observez s'il n'y a pas des enseignements à retenir dans sa manière de fonctionner.
Si votre chef ne sait pas communiquer, aidez-le. Au lieu de lui reprocher de mal expliquer ses orientations, soyez force de proposition. Soufflez-lui de faire rédiger des articles par les gens du terrain pour illustrer les questions qui se posent, invitez-le dans vos réunions et briefez-le sur le type de message qu'attendent vos équipes, etc.
Le secret est de mobiliser votre énergie pour vous adapter au lieu de l'investir dans une vaine mission de redresseur de torts. Ce n'est pas vous qui avez embauché votre chef, ce n'est pas vous qui lui avez donné son rôle de manager et ce n'est pas vous qui l'évaluez.
Ce n'est donc pas à vous de le rééduquer.
Par contre c'est vous qui vivez au quotidien avec lui, et c'est vous qui pouvez décider si tel qu'il est vous pouvez arriver à le supporter ou non.