C’est une véritable épidémie : les moustaches fleurissent un peu partout sur les visages masculins depuis le début du mois. Si vous habitez New York ou Montréal, vous avez l’habitude de ce laisser-aller pileux annuel, mais dans l’Hexagone, c’est la surprise. Si « Movember » - c’est le nom de ce mouvement, une contraction de « mo », moustache en anglais argotique, et « novembre » – fait des adeptes de la moustache dans les pays anglo-saxons depuis 2004 déjà, la tendance commence seulement en France. Mais, bien plus qu’une question de style, c’est avant tout une question de solidarité et de santé.
Le concept de Movember est simple : messieurs, rasez-vous soigneusement et de près le 31 octobre, et laissez-vous joyeusement pousser la moustache à partir de novembre, non-stop jusqu’à la fin du mois. Incitez ensuite les gens qui vous interpelleront sur votre pilosité à aller faire un don sur votre profil de « Mo Bro » (frangin à moustache) sur le site de l’association Movember. Ces dons sont ensuite reversés à la recherche contre les maladies masculines - notamment le cancer de la prostate, qui compte chaque année 62 000 nouveaux cas en France. « Savoir, c’est pouvoir – La moustache, c’est royal », peut-on lire sur le site de Movember France.
L’idée (saugrenue, disons-le) de cette moustache solidaire, née il y a huit ans en Australie, est partie d’un pari entre amis qui, à contre-courant de la mode, décident de devenir moustachus ; face au succès de leur démarche, ils consacrent le mouvement à une bonne cause. Aujourd’hui, Movember marche du tonnerre, et a déjà permis de récolter 300 millions d’euros pour la recherche contre le cancer depuis son lancement. La France, petite nouvelle avec ses voisines européennes, n’est pour le moment qu’à la 17e position avec 5 000 inscriptions. C’est au Canada que le mouvement a le plus de succès, avec 145 000 participants.
« Je change de design de moustache chaque semaine afin qu’il y ait une évolution, pour garder les gens intéressés », explique Samuel, un Québécois de 31 ans qui entame son deuxième Movember. Il se prend en photo tous les trois jours environ et poste les clichés sur différents réseaux sociaux afin d'inciter aux dons. « Je hais le look que j'ai avec une moustache ! J'aimerais mieux me laisser une barbe ou ne rien avoir du tout. J'ai même dû passer à la télé avec ce look, j'en étais gêné ! Mais je le fais pour la cause, sauver des vies n'a pas de prix... » En plus de récolter des dons, Samuel, dont le père et le beau-père sont morts de cancer, a lancé une journée « Movember » de sensibilisation au cancer dans le collège où il enseigne.
Finalement, les gens s’habituent à la profusion de moustaches dans les rues, et arborer un guidon de vélo sous le nez est devenu de bon ton en novembre. Même les stars s’y mettent : Daniel Craig et Georges Clooney eux-mêmes seraient parait-il devenu moustachu, si si. Les « Mo Bros » se font saluer dans la rue par les quidams qui les encouragent, bien que l’élégance ne soit pas toujours au rendez-vous ; oui, ça peut devenir moche, surtout à la fin du mois. Et même si « les filles râlent », comme le confirme Samuel, « elles comprennent la cause. Sinon, c’est qu’elles n’en valent pas la peine ! ». Donc messieurs, plus d’excuse. La moustache !
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